S'il suit les conseils de ses confidents, Donald Trump fera un grand ménage à la Maison-Blanche, selon le journaliste bien informé Mike Allen, qui dit tenir cette information d'un de ces confidents auxquels un président furieux parle au téléphone depuis le renvoi du directeur du FBI James Comey.

La colère du président, faut-il préciser, découle du cafouillage spectaculaire qui a accompagné et suivi l'annonce de ce limogeage. Le président pourrait bien sûr assumer une part du blâme. Après tout, il a lui-même contredit les membres de son entourage qui s'étaient évertués à dire que l'enquête du FBI sur l'affaire russe n'avait pas pesé dans sa décision! Ce faisant, il a reconnu avoir entravé la justice, selon l'éminent constitutionnaliste de Harvard Laurence Tribe, qui recommande son impeachment dans cette tribune publiée aujourd'hui par le Washington Post.

Qu'à cela ne tienne, le grand ménage auquel Donald Trump est encouragé à procéder coûterait leurs postes à Reince Priebus (chef de cabinet), Steve Bannon (stratège principal), Don McGahn (conseiller juridique) et Sean Spicer (porte-parole).

Selon Allen, le président a également pris en grippe certains membres de son cabinet, dont le secrétaire au Commerce Wilbur Ross, le ministre de la Justice Jeff Sessions et le ministre de la Santé Tom Price. Trump n'aurait pas apprécié l'annonce de Sessions concernant le retour de la «guerre contre la drogue», compte tenu que son gendre, Jared Kushner, planche ces jours-ci sur une réforme du système pénal qui va dans le sens du consensus auquel je fais référence dans le billet précédent.

Quant à Tom Price, Trump lui reprocherait la trop lente évolution du dossier de l'abrogation et du remplacement de l'Obamacare.

Le journaliste Philip Rucker du Washington Post publie aussi aujourd'hui un article faisant état de la colère de Donald Trump. Une colère alimentée d'une part par l'idée que l'enquête du FBI sur l'affaire russe est une «chasse aux sorcières» et d'autre part par la conviction d'être mal servi par les membres de son entourage, et notamment ceux qui sont chargés des communications de la Maison-Blanche. Le président leur reproche de ne pas l'avoir bien défendu après l'annonce du renvoi de Comey.

Un détail : Spicer a été mis au courant de ce renvoi une heure avant son annonce.

Rucker écrit que l'état d'esprit du président suscite des inquiétudes parmi ses alliés. Il cite un républicain proche de la Maison-Blanche selon lequel Trump est «en proie à une sorte de délire paranoïaque».

Rassurant.

P.S. : Lors d'une entrevue à CNN diffusée ce matin, l'ancien directeur du Renseignement national James Clapper a affirmé que «les institutions américaines sont menacées de l'extérieur (...) et de l'intérieur», c'est-à-dire par la Russie et Donald Trump.