La réponse du New York Times : «très probablement». Le quotidien de référence exagère peut-être, mais il demeure qu'il se passe quelque chose d'intéressant aujourd'hui dans la 6e circonscription de la Georgie, située dans une banlieue aisée d'Atlanta, où le démocrate Jon Ossoff, novice politique, tente de ravir aux républicains un siège à la Chambre des représentants des États-Unis qu'ils détiennent depuis 1980 et que Tom Price, aujourd'hui secrétaire à la Santé, a remporté par 33 points en 2014 et 23 points en 2016.

Il s'agit du deuxième tour d'une élection spéciale dont le premier a vu Ossoff, un documentariste de 30 ans, remporter 48% des voix face à une dizaine de candidats républicains qui se sont répartis 51% des voix. Il affronte la plus forte d'entre eux, Karen Handel, ex-secrétaire d'État de Georgie. Les sondages prévoient un résultat sur le fil du rasoir.

Bien sûr, en temps normal, les républicains ne devraient pas avoir de mal à l'emporter. Mais l'élection spéciale est devenue un référendum sur Donald Trump. Et même si les républicains sont beaucoup plus nombreux que les démocrates dans l'ancienne circonscription de Newt Gingrich, ils sont plus fortunés et éduqués que bon nombre d'électeurs du président, et plus susceptibles d'être insatisfaits de sa performance.

Il faut aussi dire que la circonscription a accueilli plusieurs nouveaux électeurs, qui tendent à être plus jeunes, et qui pourraient aider la cause d'Ossoff. Contrairement aux candidats démocrates battus récemment dans des élections spéciales plus serrées que prévu au Kansas et au Montana, Ossoff jouit de l'appui non seulement de petits donateurs qui ont contribué des millions à sa campagne mais également de l'establishment démocrate.

Handel a d'ailleurs tenté de diminuer son rival en l'associant aux chefs de file démocrates du Congrès, dont Nancy Pelosi, très peu prisée chez les républicains conservateurs et même modérés.

Une victoire d'Ossoff aurait des conséquences importantes à court et à moyen termes. Elle obligerait les républicains du Congrès à prendre leur distance face à Trump et à certaines de ses initiatives. Et elle serait susceptible de donner une idée de ce que seront les élections de mi-mandat de 2018.

En revanche, une victoire de Handel pourrait permettre aux républicains de pousser un énorme soupir de soulagement et de poursuivre leurs efforts pour remplacer l'Obamacare et adopter une réforme fiscale assortie de réductions d'impôts massives.