Pourquoi Donald Trump fils a-t-il nié en mars dernier avoir jamais rencontré de ressortissants russes pendant l'élection présidentielle américaine de 2016? Pourquoi a-t-il donné deux versions différentes en 24 heures de sa rencontre du 9 juin 2016 avec une avocate russe liée au Kremlin? Pourquoi trois conseillers de la Maison-Blanche ont-ils révélé au New York Times que l'avocate avait attiré à cette rencontre Trump fils en lui promettant des informations négatives sur Hillary Clinton? Qui sont ces conseillers?

Telles sont quelques-unes des questions soulevées par les exclusivités du New York Times concernant la rencontre de Trump fils avec Natalia Veselnitskaya, l'avocate russe. Cette rencontre constitue le premier indice rendu public selon lequel au moins certains membres de l'entourage de Donald Trump étaient prêts à accepter l'aide de la Russie à un moment clé de la campagne présidentielle. Trump fils était accompagné par son beau-frère, Jared Kushner, et le président de la campagne de son père, Paul Manafort.

Dans un article publié samedi sur la rencontre, le New York Times cite cette explication offerte par Trump fils : le 9 juin 2016, une connaissance l'a prié de rencontrer à la Trump Tower une personne dont il ne connaissait pas l'identité. Accompagné par Kushner et Manafort, Trump fils s'est entretenu avec cette personne, Natalia Veselnitskaya, pendant environ 20 minutes. Le sujet principal de la conservation : le programme d'adoption d'enfants russes pour des couples américains. «Il n'y a pas eu de suivi», a dit Trump fils au Times.

Une parenthèse : ce programme d'adoption a été suspendu en 2012 en représailles de l'adoption par les États-Unis d'une loi imposant des sanctions à l'égard de suspects russes de violations des droits de l'homme. La loi porte le nom de Sergei Magnitsky, un avocat russe décédé dans des circonstances mystérieuses après avoir dévoilé une des plus grosses affaires de corruption de l'ère Poutine. Natalia Veselnitskaya, faut-il préciser, compte parmi ses clients des entreprises d'État et le fils d'un responsable gouvernemental dont la société faisait l'objet d'une enquête aux États-Unis au moment de sa rencontre avec Trumps fils et compagnie.

Hier, Donald Trump fils a présenté une autre version de sa rencontre avec l'avocate russe après avoir été interrogé de nouveau par le Times qui avait reçu entretemps des informations de cinq sources, dont trois conseillers de la Maison-Blanche. Il a avoué avoir accepté de rencontrer Veselnitskaya parce qu'on lui avait promis des informations susceptibles d'aider la campagne de son père. Selon Trump fils, les informations de l'avocate russe étaient cependant «vagues» et «ambiguës» et «n'avaient aucun sens».

Quelles étaient ces informations? Selon Trump fils, Veselnitskaya a dit avoir des informations selon lesquelles «des individus liés à la Russie finançaient le Comité national du Parti démocrate et appuyaient Mme Clinton». Trump fils dit n'avoir accordé aucune crédibilité à ces informations présentées sans documentation, les voyant plutôt comme un prétexte pour l'attirer à la rencontre et parler du programme d'adoption. Il précise en outre que son père n'était pas au courant de la rencontre.

Disons que les deux versions offertes par Trump fils ne sont pas des plus convaincantes. Mais qui sont ces trois conseillers de la Maison-Blanche qui ont révélé au Times que l'avocate russe avait attiré Trump fils en lui promettant des informations négatives sur Clinton? Et pourquoi ont-ils agi ainsi?

Je laisserai la première de ces questions en suspens. Mais je me risquerai de répondre à la deuxième en affirmant que ces conseillers tentent d'orienter le cours de cette histoire d'une certaine façon en sachant que des informations encore plus dommageables pour la Maison-Blanche s'en viennent. Bref, il y a désormais un peu de feu parmi la fumée.