«Je vais enrôler Poutine dans ce projet et nous réussirons à faire élire Donald. [...] Notre gars peut devenir président des États-Unis et nous pouvons orchestrer ça. Je parviendrai à convaincre l'équipe de Poutine, je vais piloter ce processus.»

Felix Sater, sulfureux partenaire d'affaires de Donald Trump, adressait ce message à l'avocat de ce dernier, le 3 novembre 2015. Son objectif, selon cet article du New York Times : lancer un projet immobilier avec la collaboration du président de la Russie Vladimir Poutine, projet susceptible selon lui d'aider Trump à remporter la présidence américaine.

Dans une série de courriels à Michael Cohen, l'avocat de Trump, Sater affirme avoir obtenu l'appui d'une banque russe sous sanctions américaines pour financer la construction d'une tour à Moscou qui porterait le nom de Trump.

En janvier 2016, Cohen a écrit au porte-parole de Poutine pour obtenir l'aide du Kremlin afin de relancer le projet d'une tour Trump à Moscou que caressait son client depuis plusieurs années.

Les efforts de Sater ou Cohen n'ont pas eu de suite. Selon le New York Times, les courriels de Sater et Cohen ont été remis à la Commission du Renseignement de la Chambre des représentants qui enquête sur les liens possibles entre l'entourage du président et Moscou. Le quotidien, tout comme le Washington Post, a obtenu des copies de certains de ces courriels.

Même s'il a déjà nié le connaître vraiment, Trump a brassé des affaires avec Sater par le passé. Ce dernier n'a pas toujours été un enfant de choeur. Émigré de Russie avec ses parents à l'âge de 8 ans, Sater a été condamné à un an de prison en 1993 pour avoir tailladé le visage d'un homme dans un bar avec un verre à margarita. Impliqué cinq ans plus tard dans une manipulation boursière évaluée à 40 millions de dollars et destinée à blanchir l'argent de la mafia russe et de la Cosa Nostra sicilienne, il a été sauvé d'un deuxième séjour derrière les barreaux en devenant informateur du FBI.

Cohen a déclaré au Times qu'il ne fallait pas prendre au sérieux tout ce que disait Sater, laissant entendre que ce dernier était du genre à exagérer l'importance de ses liens à Moscou. N'empêche : les responsables de l'enquête sur l'affaire russe s'intéresseront aux courriels de Sater et Cohen afin de déterminer les liens de ces membres de l'entourage de Trump avec Moscou.

Cohen, dont la femme est ukrainienne, a lui-même brassé des affaires en Ukraine et en Russie.