Le secrétaire d'État d'Alabama avait prédit un taux de participation de 25% hier à l'élection sénatoriale la plus suivie depuis celle qui avait permis au républicain Scott Brown de remporter l'ancien siège d'Edward Kennedy au Massachusetts en janvier 2010, prélude au raz-de-marée électoral du GOP à l'occasion des élections de mi-mandat de novembre 2010.

Selon les dernières données, le taux de participation s'est élevé à 40,4% en Alabama. Taux de participation d'autant plus surprenant pour une élection spéciale tenue à moins de deux semaines de Noël que plusieurs électeurs blancs sont restés à la maison, ne pouvant se résoudre à voter pour le candidat qui défendait les couleurs de leur parti préféré.

Le vainqueur de l'élection, Doug Jones, a remporté 49,9% des suffrages contre 48,4% pour Moore (1,7% des électeurs ont choisi d'écrire au bas de leur bulletin de vote le nom d'un candidat qui n'était pas en lice).

Autres données :

- Jones a remporté le vote des femmes par 16 points de pourcentage;

- Jones a remporté le vote afro-américain par 92 points de pourcentage;

- Jones a remporté le vote des indépendants par 8 points de pourcentage;

- Moore a remporté le vote des femmes blanches par 29 points de pourcentage;

- Moore a remporté le vote des Blancs sans diplôme universitaire par 55 points de pourcentage.

Jones a donc triomphé grâce à une coalition formée de Noirs, de Blancs instruits et de jeunes.

Mais ce sont les Afro-Américains, et notamment les Afro-Américaines, qui ont fait la différence. Selon les sondages réalisés à la sortie des urnes, ils ont représenté hier 28% de l'électorat, soit 2 points de pourcentage de plus que leur poids démographique dans l'ensemble de l'État.

Autrement dit, l'État d'Alabama doit aujourd'hui aux Noirs de lui avoir évité d'être représenté dans l'auguste enceinte du Sénat des États-Unis par un homme accusé de pédophilie qui fait remonter à l'esclavage l'époque où l'Amérique a été «grande» pour la dernière fois et qui préconise la criminalisation de l'homosexualité.

Ce qui n'efface pas la honte de ceux qui ont choisi d'appuyer ou de voter pour Moore.