Kirstjen Nielsen, secrétaire à la Sécurité intérieure, a fait deux aveux étonnants aujourd'hui lors de son audition devant la commission des Affaires judiciaires du Sénat. Elle a dit ne pas avoir rencontré de sa vie un seul des quelque 800 000 «Dreamers» que son ministère aura la responsabilité d'expulser si le Congrès ne parvient pas à un accord sur leur statut. Et elle a affirmé ne pas se souvenir des mots utilisés par Donald Trump pour parler d'Haïti et des pays africains lors d'une rencontre à laquelle elle a participé jeudi dernier.

Son trou de mémoire a inspiré au sénateur démocrate du New Jersey Cory Booker une intervention remarquée de neuf minutes au cours de laquelle il a dénoncé la complicité des Blancs en général face au racisme du président et celle de Nielsen en particulier. Je cite des extraits de cette sortie qu'il vaut la peine d'écouter en totalité :

«L'idée que le commandant en chef de ce pays puisse parler de certaines nations de façon grossière et porter ombrage à des millions d'Américains originaires de ces communautés - et que vous puissiez même dire dans votre témoignage que les Norvégiens étaient préférables selon lui parce qu'ils sont 'si travaillants'... [...]

«Votre silence et votre amnésie tiennent de la complicité. [...] Quand Dick Durbin m'a appelé, j'avais des larmes de colère en l'écoutant me parler de son expérience, et le fait que vous ne ressentez pas cette douleur et cette peine et que vous balayez du revers de la main certaines questions de mes collègues en disant 'j'ai déjà répondu à ce type de question', alors que des millions d'Américains souffrent maintenant parce qu'ils sont inquiets de ce qui s'est passé à la Maison-Blanche, je trouve ça inacceptable.»

Démocrates et républicains, progressistes et conservateurs, ont réagi de façon complètement différente à l'intervention de Booker. Les uns ont félicité un politicien éloquent ayant le courage de défendre les valeurs américaines, les autres ont dénoncé un politicien opportuniste qui a tenté de rehausser son profil national sur le dos d'une femme qui sert son pays au meilleur de ses capacités.

Votre jugement?