Huit heures et sept minutes. C'est la durée du discours prononcé hier par la démocrate de Californie Nancy Pelosi à la Chambre des représentants pour réclamer la tenue d'un débat et d'un vote sur les «Dreamers», ces jeunes clandestins arrivés enfants aux États-Unis qui risquent sous peu de perdre leur protection. Jamais la Chambre n'avait entendu un discours aussi long.

Il ne s'agissait pas techniquement d'un filibuster, comme on en voit parfois au Sénat. Ce type d'obstruction parlementaire n'existe pas à la Chambre. L'élue de 77 ans a cependant mis à profit ce qu'on appelle la règle de la «minute magique» qui permet aux chefs de la majorité et de la minorité, de même qu'au président de la Chambre, de parler aussi longtemps qu'ils le désirent.

Avant de se lancer dans la lecture de lettres envoyées aux élues par des «Dreamers» - il y en a près de 700 000 en ce moment -, la chef de la minorité démocrate a posé comme condition à son appui à une entente bipartite sur le budget conclue par les dirigeants du Sénat la garantie d'un vote à la Chambre sur l'immigration visant à régulariser le statut des «Dreamers».

Un porte-parole de Paul Ryan a répondu que ce dernier était prêt à engager la Chambre dans un débat sur une réforme de l'immigration jouissant de l'appui de Donald Trump, une façon d'envoyer poliment promener Nancy Pelosi.

Pour éviter un nouveau «shutdown», le Congrès doit approuver le projet budgétaire négocié au Sénat. Si le texte est assuré d'obtenir l'appui du Sénat, son adoption est en revanche moins certaine à la Chambre, où des démocrates soucieux des «Dreamers» et des républicains inquiets des déficits devraient s'y opposer.