C'est la question que soulève le Washington Post dans cette analyse au lendemain de la décision du président américain d'imposer des mesures punitives contre des importations chinoises d'un montant pouvant atteindre 60 milliards de dollars pour mettre un terme à ce qu'il affirme être le vol de propriété intellectuelle américaine par les Chinois. La décision n'a pas seulement plombé les marchés mais également poussé la Chine à menacer de droits de douane plus d'une centaine de produits américains.

Je retiens la réponse d'Eswar Pasad, professeur de politique commerciale à l'université Cornell et chercheur à l'Institut Brookings :

«Une guerre commerciale fait mal à tous les combattants: elle ébranle la confiance des entreprises et des consommateurs, freine les exportations et nuit à la croissance. Plusieurs entreprises américaines dépendent des barrières commerciales peu élevées pour créer des chaînes d'approvisionnement internationales qui réduisent les coûts et augmentent l'efficacité. Cela pourrait se défaire avec les nouveaux tarifs. La dernière fois que les États-Unis ont imposé des droits de douane étendus, dans les années 1930, cela a eu pour effet de prolonger et d'aggraver la Grande Dépression. Remporter une guerre commerciale en détruisant à la fois les importations et les exportations serait une victoire à la Pyrrhus.»

Pyrrhus? De toute évidence, ce genre de discours n'a aucune influence sur Donald Trump, qui rêve d'en découdre avec la Chine depuis des décennies. Il aurait pu cependant s'y prendre autrement pour s'attaquer à un problème réel (le vol de propriété intellectuelle américaine par les Chinois), selon cet éditorial du New York Times, qui déplore notamment que le président n'ait pas créé une coalition internationale pour isoler la Chine sur cette question.