C'est réglé : il n'y a vraiment pas eu de «collusion» entre l'équipe de campagne de Donald Trump et le gouvernement russe. C'est du moins la conclusion à laquelle est arrivée la commission du Renseignement de la Chambre des représentants dominée par les républicains, qui a présenté aujourd'hui un rapport d'enquête sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016 aussitôt dénoncé par la minorité démocrate.

Selon les enquêteurs de la commission, aucune preuve n'a fait surface démontrant une quelconque collusion, coordination ou conspiration entre l'équipe de campagne de Donald Trump et le gouvernement russe. Les démocrates estiment que cette conclusion est prématurée et destinée avant tout à «troubler les eaux et détourner l'attention» du public.

Selon un contre-rapport présenté par les démocrates, les services de renseignement russes ont «utilisé des intermédiaires et des couvertures pour sonder, établir des contacts et possiblement recueillir des informations importantes auprès d'un groupe d'acteurs divers associés au président Trump et à sa campagne». Les démocrates estiment que la commission du Renseignement de la Chambre aurait dû consacrer plus d'efforts pour déterminer si l'entourage de Trump était au courant de l'interférence russe ou si elle y a contribué.

Le rapport de la majorité républicaine accuse par ailleurs le FBI et les services de renseignement d'avoir cafouillé face à cette interférence dont l'objectif était de miner la démocratie américaine. Contrairement aux services de renseignement américains, les républicains de la commission du Renseignement ne croient pas que cette interférence visait aussi à aider Trump.

La publication du rapport intervient quelques heures avant la diffusion d'une interview accordée à NBC News par Natalia Veselnitskaya, l'avocate russe qui a participé à la rencontre du 9 juin 2016 à la Trump Tower avec Donald Trump fils, Jared Kushner et Paul Manafort. La rencontre avait été organisée après qu'un intermédiaire a informé le fils du futur président que l'avocate possédait des informations susceptibles de nuire à Hillary Clinton.

Pour la première fois, Veselnitskaya reconnaît dans cette interview ses liens étroits avec le gouvernement russe. «Je suis une avocate, et je suis une informatrice. Depuis 2003, je communique avec le bureau du procureur général de la Russie», a-t-elle confié à NBC News.

En novembre dernier, Veselnitskaya avait fait savoir à la commission des Affaires juridiques du Sénat qu'elle n'avait pas de lien avec le gouvernement russe. Elle a avoué la vérité après la publication de courriels qu'elle a envoyés ou reçus du bureau de Yuri Chaika, le procureur général russe.

Ces courriels ont été obtenus par Mikhaïl Khodorkovski, ancien oligarque russe devenu opposant de Vladimir Poutine en exil.

Rappel : le terme «collusion» n'a aucune valeur sur le plan juridique. Autre rappel : après son élection, Donald Trump a répété à plusieurs reprises que les membres de son entourage n'avaient eu aucun contact avec des Russes. Aucun.

Il n'a évidement pas dit la vérité : selon le Washington Post, des membres de l'entourage de Trump ont rencontré des Russes à au moins 32 reprises pendant la campagne présidentielle.

Pourquoi avoir menti sur ces rencontres impliquant notamment les Paul Manafort, George Papadopoulos, Rick Gates et Michael Flynn, les Jeff Sessions, Donald Trump fils, Jared Kushner, Carter Page, Sam Clovis, entre autres? Deux enquêtes sur l'affaire russe continuent à s'intéresser sérieusement à cette question, celle de la commission du Renseignement du Sénat et celle du procureur spécial Robert Mueller.