Des millions de personnes sont descendues dans les rues à travers le monde pour célébrer le Nouvel An, malgré les craintes pour la sécurité qui ont provoqué l'évacuation de deux gares à Munich, et mobilisé à New York les plus importantes forces policières de son histoire.

6000 policiers, le plus grand nombre jamais mobilisé pour un événement de ce genre, étaient sur et autour de Times Square lorsque le maire de la ville, Bill Blasio, a fait descendre la célèbre boule à facettes qui marque traditionnellement l'arrivée de la nouvelle année, sous une pluie de confettis colorés et les vivats de la foule.

Après les attentats de Paris en novembre et de San Bernardino (Californie) en décembre, les forces de sécurité partout dans le monde étaient sur le qui-vive pour assurer des fêtes sans attentat.

En Allemagne, des informations faisant état d'une menace du groupe Etat islamique (EI) d'un attentat suicide «vers minuit» dans l'une des deux gares principales de Munich ont provoqué l'évacuation de ces deux gares.

Et partout en Europe, un maximum de précautions avaient été prises pour faire face à tout risque d'attentat. Les festivités ont même été purement et simplement annulées à Bruxelles, où six nouvelles personnes ont été interpellées jeudi à la suite de menaces d'attaques imminentes. Trois d'entre elles ont été libérées après leur audition.

Dès mardi, deux hommes avaient été inculpés: ils prévoyaient de viser des «lieux emblématiques» de la capitale belge, où siègent l'Union européenne et l'OTAN.

À Paris, toujours sous le choc des attentats du 13 novembre (130 morts, 350 blessés), des milliers de personnes se sont malgré tout pressées sur l'avenue des Champs-Elysées pour des célébrations maintenues, mais dans une version allégée, sans le traditionnel feu d'artifice. Le risque terroriste reste «très élevé», selon les autorités. Plus de 100 000 policiers et gendarmes ont été déployés à travers la France.

«Nous n'en avons pas terminé avec le terrorisme», a reconnu le président François Hollande dans ses voeux télévisés. La «menace est toujours là» et «reste même à son plus haut niveau», a-t-il dit.

La crainte d'attentats n'a pas empêché le London Eye dans la capitale britannique de s'embraser à minuit devant des milliers de personnes rassemblées sur les bords de la Tamise, en présence de 3000 policiers mobilisés au centre-ville.

La Place Rouge interdite

À Madrid, la police avait limité à 25 000 le nombre de personnes autorisées à aller sur la Puerta del Sol.

À Moscou, l'emblématique Place Rouge, lieu de rassemblement traditionnel pour le Nouvel An, était cette année pour la première fois fermée au public au moment du réveillon, là encore en raison de crainte d'attentats.

À Berlin, des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées autour de la porte de Brandebourg pour une grande fête de rue.

Les Pays-Bas ont célébré un Nouvel An placé sous le signe de la présidence néerlandaise de l'Union européenne, que le pays assurera au premier semestre, avec feu d'artifice et son et lumière dans un décor incluant une réplique d'un navire du XVIIIe siècle de la compagnie des Indes orientales unies ainsi que les drapeaux des 28 pays de l'UE.

Mesures de sécurité draconiennes

Un peu partout dans le monde, le passage en 2016 s'est aussi accompagné de mesures de sécurité draconiennes.

C'est le cas de Jakarta, où les autorités indonésiennes viennent de déjouer un projet d'attentat suicide prévu pour la nuit de la Saint-Sylvestre.

En Turquie, où un attentat suicide aurait aussi été déjoué à Ankara, les forces de l'ordre ont été placées en alerte maximale.

Malgré cela, les célébrations étaient à l'ordre du jour, depuis le Pacifique, avec un spectacle géant au-dessus de l'Opéra de Sydney ayant utilisé sept tonnes d'engins pyrotechniques, jusqu'à l'Amérique, où à Rio de Janeiro deux millions de personnes étaient présentes sur la plage de Copacabana pour assister à un gigantesque spectacle pyrotechnique.

Au Caire, les célébrations se sont déroulées devant les pyramides, avec de nombreux artistes invités. En revanche, dans la bande de Gaza voisine, le groupe islamiste palestinien Hamas a interdit les fêtes du Nouvel An dans les lieux publics, en invoquant un islam rigoriste.

Enfin, seul événement dramatique de la nuit, à Dubaï, un hôtel cinq étoiles situé dans un gratte-ciel de 63 étages au centre de Dubaï, à quelques encablures de la plus haute tour du monde, a été dévoré par d'énormes flammes rougeoyantes, faisant 16 blessés, dont 14, légèrement. Mais les autorités n'ont pas pour autant annulé les célébrations, qui ont eu lieu comme prévu.

Nouvel An aux Philippines: deux morts, des centaines de blessés

Des balles perdues et des feux d'artifice mal contrôlés ont fait deux morts et des centaines de blessés aux Philippines où un lourd bilan humain noircit chaque année des célébrations débridées du Nouvel An.

Beaucoup de Philippins sont convaincus qu'un maximum de bruit lors des festivités de fin d'année permet d'éloigner les mauvais esprits, d'où l'usage massif de feux d'artifice, de pétards et les coups de feu, tirés en théorie en l'air.

Cette année, deux personnes ont péri, et 384 autres ont été blessées, dont 380 à cause de feux d'artifice, selon le bilan communiqué vendredi par les autorités.

Un homme en état d'ébriété est mort en prenant dans ses bras un pétard géant, au moment où il s'apprêtait à exploser, a déclaré la secrétaire à la Santé, Janet Garin. «Il était tellement saoul qu'il a pris le pétard dans ses bras, sa mâchoire a été pulvérisée», a-t-elle dit.

De nombreux hôpitaux du pays ont dû traiter des personnes parfois amputées par des explosions similaires.

Dans un bidonville de Manille, un pétard a provoqué un incendie qui s'est rapidement propagé, a déclaré le porte-parole des pompiers, Renato Marcial.

Les flammes ont détruit de nombreuses bicoques, faisant 3000 sans-abri, a indiqué un responsable municipal, Johnny Yu.

Une femme de 65 ans a péri après avoir été victime d'une attaque cardiaque en voyant sa maison se consumer.

En 2014, 354 blessés avaient été recensés lors des festivités du Nouvel An.