Les premières félicitations de ses homologues internationaux ont déferlé pour le premier ministre élu du Canada, mardi, et ont inclus des indications précises en provenance de Washington.

Un porte-parole du président Barack Obama a énuméré les sphères dans lesquelles les États-Unis espèrent que le Canada conservera le statu quo: la guerre contre les rebelles islamistes en Irak et le Partenariat transpacifique.

Il espère également une amélioration dans les politiques concernant les changements climatiques.

Josh Earnest a suggéré que les relations entre les deux pays pourraient changer puisque Stephen Harper avait souvent reproché aux États-Unis de retarder le projet d'oléoduc Keystone XL.

«Ce serait de mauvaise foi de limiter les relations entre nos pays à un seul problème, a dit M. Earnest en énumérant une liste d'autres enjeux.

«Il y a plusieurs dossiers sur lesquels les États-Unis et le Canada ont travaillé de manière efficace dans l'intérêt des deux pays.»

Il a précisé que le président lancerait un appel au futur premier ministre, mardi. Il a ajouté que M. Obama allait aussi rejoindre l'ancien premier ministre, qu'il a remercié pour le travail accompli.

«Les États-Unis sont chanceux d'avoir un partenariat aussi fort et proche avec un pays comme le Canada, qui a une influence globale, a déclaré M. Earnest.

«Nous avons apprécié les efforts du premier ministre Harper pour fortifier notre partenariat. Nous avons hâte de bâtir sur ce progrès lorsque M. Trudeau entrera en fonction.»

En ce qui a trait à la guerre contre l'État islamique et au Partenariat transpacifique, M. Trudeau a été moins clair que M. Harper dans ses intentions. Mais en ce qui concerne les changements climatiques et la conférence de Paris, M. Earnest a déclaré: «Nous croyons qu'il est possible que le Canada en fasse plus.»

D'autres messages de félicitations sont venus de partout.

Les leaders du Mexique, de l'Inde et de l'Italie ont envoyé des messages élogieux à M. Trudeau, tout comme de nombreux opposants américains du gouvernement conservateur.

Enrique Pena Nieto du Mexique a appelé le futur premier ministre et a envoyé ses félicitations en espagnol sur Twitter: «Le Canada et le Mexique ont l'occasion d'amorcer un nouveau chapitre de leur relation.» Tel que soulevé par le Washington Post, c'est la première fois depuis 2000 que le continent est mené par trois gouvernements de centre-gauche.

Matteo Renzi, de l'Italie, a envoyé un message Twitter à M. Trudeau: «J'ai hâte de vous voir au G20; nous allons travailler ensemble pour renforcer encore plus les liens entre le Canada et l'Italie. Bonne chance.»

Le premier ministre indien Narendra Modi a écrit sur son compte Twitter: «J'ai de tendres souvenirs de ma visite au Canada en avril 2015 et de ma rencontre avec vous. C'était bien de rencontrer votre fille, que vous aviez réveillée plus tôt lors de cette journée. Meilleurs voeux.»

Le gouvernement chinois a quant à lui exprimé son espoir de pouvoir renforcer les relations existantes entre les deux pays.

Un des opposants habituels des politiques environnementales du gouvernement conservateur a exprimé sa satisfaction à l'égard d'un potentiel changement de vision dans les politiques canadiennes, juste à temps pour les importantes discussions pour le climat.

«J'espère que l'élection de ce soir remettra le Canada en position de leader, a déclaré l'ancien vice-président et candidat présidentiel américain, Al Gore. Félicitations.»

Les médias internationaux ont publié des articles spéculant sur ce que pourrait signifier la victoire de M. Trudeau. La plupart d'entre eux faisaient mention de la dynamique père-fis, dans ce qui représente la première dynastie multigénérationnelle au Canada.

L'Associated Press a informé les lecteurs d'à travers le monde à propos de la prophétie de Richard Nixon. Lors d'un dîner d'État en 1972, lorsque Justin n'avait que quelques mois, le président américain avait salué le bébé et avait lancé à la blague qu'il serait un jour premier ministre.

La BBC a fait une liste de sept projets importants pour M. Trudeau. Sur la liste: possiblement mettre fin aux attaques aériennes du Canada en Irak, une meilleure relation avec M. Obama, plus de réfugiés en provenance de la Syrie, la lutte aux changements climatiques, de meilleures relations avec l'Iran, la légalisation de la marijuana et une enquête sur les meurtres des femmes autochtones tuées ou disparues.

Le site Internet du magazine Time a mentionné plusieurs de ces projets, ainsi que la promesse de M. Trudeau de réformer le système électoral.

Le journal The Guardian en Grande-Bretagne a expliqué que même s'il était le fils d'un premier ministre, M. Trudeau a emprunté un chemin sinueux jusqu'au pouvoir - devant lutter pour sa nomination dans la circonscription de Papineau et ensuite grimper de la troisième à la première place dans les sondages.

Hollande veut renforcer «la coopération» franco-canadienne

Le président français François Hollande a félicité mardi Justin Trudeau, après l'écrasante victoire des libéraux, avec lequel il veut «améliorer encore la coopération» bilatérale.

«Au cours d'un entretien chaleureux, François Hollande et Justin Trudeau sont convenus de se rencontrer afin d'examiner ensemble comment améliorer encore la coopération entre la France et le Canada», a indiqué l'Élysée dans un communiqué.

«La conférence de Paris sur le climat sera une précieuse occasion de mettre rapidement en oeuvre cette volonté d'agir ensemble au service de la paix et de l'avenir de la planète», selon la présidence française.

M. Trudeau a promis de «faire plus» contre le réchauffement climatique alors que le Canada, sorti par les conservateurs du protocole de Kyoto en 2011, est régulièrement critiqué pour son manque d'engagement dans ce domaine et l'exploitation pétrolière des sables bitumineux, figurant parmi les formes les plus polluantes d'énergie.

La France accueille en décembre la grande conférence internationale sur le climat (COP21) dont l'objectif est de parvenir à un accord limitant à deux degrés le réchauffement climatique par rapport à l'ère préindustrielle.

- AFP

PHOTO STEPHANE DE SAKUTIN, AFP

François Hollande