Le monde marque mardi les 25 ans de Tchernobyl, la plus grave catastrophe de l'histoire du nucléaire civil, survenue en Ukraine soviétique, avec pour toile de fond les accidents à la centrale de Fukushima au Japon qui ont relancé les craintes sur la sécurité atomique.

Les présidents ukrainien Viktor Ianoukovitch et russe Dmitri Medvedev doivent se retrouver symboliquement sur les lieux du drame et parler des mesures à prendre pour améliorer la sécurité nucléaire et aider ceux qui ont nettoyé le site après l'explosion.

Avant de se rendre sur le site, M. Medvedev a indiqué que la Russie proposerait au sommet du G8 en mai «des initiatives concrètes concernant le renforcement des mesures de sécurité dans les centrales nucléaires», dans un texte publié par le Kremlin.

Ces mesures viseront à «accroître la responsabilité des pays utilisant l'énergie atomique», a ajouté le chef de l'État russe.

Le 26 avril 1986 à 01H23, le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl a explosé au cours d'un test de sécurité à la suite d'erreurs de manipulation, provoquant des rejets d'éléments radioactifs d'une intensité équivalente à au moins 200 bombes de Hiroshima et contaminant une bonne partie de l'Europe.

Un quart de siècle plus tard, le patriarche russe Kirill, accompagné de prêtres et du Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, a célébré dans la nuit de lundi à mardi à Kiev un office des morts.

Le glas d'une église ukrainienne a sonné à 01H23 -- au moment de l'explosion -- et retenti 25 fois, soit le nombre d'années qui se sont depuis écoulées.

«Le monde n'a pas connu en temps de paix une catastrophe qui puisse être comparée à ce qui s'est passé à Tchernobyl», a déclaré Kirill, soulignant que les conséquences du drame étaient comparables à celle de la bombe atomique larguée en 1945 par les États-Unis sur Hiroshima, multipliée par 500.

Après l'explosion à Tchernobyl le 26 avril 1986, l'URSS a envoyé en quatre ans 600.000 «liquidateurs» exposés à de fortes doses de radiation avec une protection minime pour éteindre l'incendie et nettoyer la zone autour de la centrale.

Le bilan de Tchernobyl suscite toujours la controverse.

Le comité scientifique des Nations unies sur les effets des rayonnements ne reconnaît que 31 morts d'opérateurs et de pompiers directement imputables aux effets de la radiation, alors que Greenpeace parle d'au moins 100.000 morts des suites de la contamination radioactive.

Le silence officiel soviétique, suivi de mensonges, a néanmoins contribué à la contamination de centaines de milliers de personnes, principalement en Ukraine, au Bélarus et en Russie.

L'URSS n'a reconnu le drame qu'au bout de trois jours, après que la Suède atteinte par le nuage radioactif a alerté le monde le 28 avril 1986.

M. Medvedev a estimé lundi que «dire la vérité» était la principale leçon à tirer de Tchernobyl tout comme de l'accident de Fukushima.

De son côté, le Japon a une nouvelle fois souligné mardi que les accidents de Tchernobyl et de Fukushima étaient «de nature différente», selon un porte-parole du gouvernement Yukio Edano, s'exprimant à Tokyo.

«La quantité de radioactivité relâchée (à Fukushima) a été d'environ un dixième» de celle relâchée à Tchernobyl, a-t-il déclaré.

La centrale ukrainienne n'a été définitivement fermée qu'en décembre 2000, mais le réacteur accidenté recouvert d'une chape de béton à la va-vite n'est toujours pas suffisamment isolé.

Au cours d'une conférence le 19 avril à Kiev, la communauté internationale a débloqué 550 millions d'euros -- sur un total de 740 millions d'euros manquants -- pour aménager un nouveau sarcophage à Tchernobyl.