Le nombre de migrants internationaux devrait atteindre 405 millions en 2050, un bond de 68% d'ici 2050, a prédit lundi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

«Aujourd'hui, ce chiffre est passé à 240 millions et pourrait atteindre 405 millions en 2050», estime l'OIM dans son rapport annuel sur les migrations dans le monde.

En proportion de l'ensemble de la population du globe, ce chiffre devrait toutefois rester autour de 3%, a expliqué un des responsables du rapport, Frank Laczko, lors d'une conférence de presse.

Ces prévisions sont calculées sur la base d'une progression des flux migratoires similaire à celle enregistrée ces vingt dernières années.

L'OIM estime que 414 milliards de dollars ont été rapatriés par les migrants en 2009, soit un recul de 6% en un an. Il s'agit de la première baisse survenue depuis 1985 qui traduit les effets de la récession mondiale. Ces rapatriements de fonds devraient remonter de 6% en 2010 et 7% en 2011, selon le rapport.

Le document constate que la crise économique a par ailleurs ralenti l'émigration dans de nombreuses parties du monde, mais elle n'a pas pour autant stimulé les retours.

En outre, ce ralentissement des migrations prendra fin avec «la relance de l'économie et l'expansion du marché de l'emploi», note l'OIM.

La «hausse spectaculaire» du nombre de migrants calculée par les experts de l'OIM sera provoquée, entre autres, par l'augmentation considérable de main-d'oeuvre dans les pays en développement où les offres d'emploi devraient stagner.

Dans les pays les moins avancés, la population active devrait ainsi passer de 2,4 milliards en 2005 à 3 milliards en 2020 et 3,6 milliards en 2040. Au même moment, la main-d'oeuvre dans les pays industrialisés devrait plafonner aux alentours de 600 millions jusqu'en 2050.

Ce creusement des écarts entre «l'offre et la demande de travail à l'échelle mondiale» poussera toujours plus de travailleurs des pays pauvres à chercher du travail dans les pays les plus riches, prévoit l'OIM.

Les flux migratoires seront également dynamisés par les changements environnementaux, surtout dans les régions moins développées, même si les rapports entre «les deux phénomènes sont complexes et encore impossibles à prévoir», constate le rapport.

Face à l'essor du nombre de migrants, l'OIM exhorte les pays d'accueil à investir dans le développement des capacités de gestion de ces personnes et à protéger davantage leurs droits humains face à «l'industrie de la migration».

Elle appelle particulièrement les économies émergentes d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine à investir dans des programmes et des politiques de gestion des migrations face à «l'apparition de nouveaux schémas de migration» qui témoigne d'un accroissement des mouvements de personnes Sud-Sud.

A l'heure actuelle, c'est aux Etats-Unis que vivent le plus grand nombre de migrants. Les neuf autres pays qui abritent les plus fortes populations nées à l'étranger sont la Russie, l'Allemagne, l'Arabie Saoudite, le Canada, la France, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Inde et l'Ukraine, selon l'OIM.

Sur ces dix pays, seuls les gouvernements de l'Arabie Saoudite, de la Russie et de la France trouvent leur niveau actuel d'immigration trop élevé, selon le rapport.