Le message du chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden dans lequel il s'inquiète du changement climatique et lance un appel à l'aide en faveur des victimes des inondations dévastatrices au Pakistan est destiné à redorer son image auprès des musulmans, estiment des analystes.

«Ben Laden cherche à exploiter toutes les crises ou problèmes qui affectent les populations dont il cherche le soutien», juge Paul Pillar, un ancien haut responsable des services de renseignement américain, aujourd'hui professeur à l'Université Georgetown de Washington.

«Pour beaucoup de Pakistanais, les inondations ont été dernièrement leur principal souci», poursuit-il, ajoutant que ben Laden «affiche l'image de quelqu'un de compatissant» en se concentrant sur des questions humanitaire.

Son but «est de compenser sa perte de soutien chez les musulmans, qui pour beaucoup le perçoivent désormais comme un terroriste n'hésitant pas à verser le sang, même parmi ses frères», assure cet expert dans un entretien à l'AFP.

Des responsables américains ne manquent pas de souligner le nombre de musulmans tués par Al-Qaïda et les organisations s'en réclamant dans une tentative d'affaiblir le réseau responsable des attentats du 11-Septembre.

Le message de Ben Landen pourrait aussi signifier qu'il prend bonne note du fait que les groupes militants islamistes comme le Hamas et le Hezbollah bénéficient d'un soutien public en fournissant des services à la population.

«Si ben Laden n'a pas les capacités d'offrir de tels services il peut au moins espérer en tirer profit en parlant de ces questions» humanitaires, analyse Paul Pillar.

«Le nombre de victimes causé par les changements climatiques est très grand (...), plus important que celui des victimes des guerres», affirme la voix attribuée à ben Laden --et dont l'authenticité ne pouvait être vérifiée--, dans un message audio mis en ligne vendredi sur des forums islamistes.

Le chef d'Al-Qaïda insiste aussi sur la nécessité «d'actions sérieuses et rapides» pour aider les victimes des inondations au Pakistan et critique durement la réponse du gouvernement pakistanais, allié des États-Unis, à cette catastrophe naturelle, la pire qu'a connu le pays.

Mais, pour Michael Scheuer, ancien responsable à la CIA de la traque de ben Laden, le thème du changement climatique et des mesures préventives pour des inondations au Pakistan n'est pas aussi inhabituel pour le chef d'Al-Qaïda.

«Il n'est pas qu'une tête brûlée avec un AK-47», dit à l'AFP cet expert, désormais professeur à l'Université de Georgetown, rejetant «l'image simpliste» souvent évoquée en Occident à propos de ben Laden.

«Nous avons tendance à croire qu'il n'est qu'un tueur nihiliste mais on oublie sa formation d'ingénieur des travaux publics, son expertise en gestion et le fait qu'il était impliqué dans des questions agricoles au Soudan», poursuit M. Scheuer, auteur d'une biographie sur ben Laden à paraître en février 2011.

Selon lui, même si le changement climatique «n'a jamais été un thème de prédilection» chez ben Laden, le sujet a été au centre de plusieurs appels lancés par le passé.

Dans un message en janvier, Ben Landen accusait les principaux pays industriels d'être responsables des dérèglements climatiques, ce qui selon le département d'État américain montrait son désespoir pour attirer l'attention.