Quatre islamistes dont deux Allemands convertis ont été condamnés jeudi à des peines de cinq à douze ans de prison pour avoir voulu commettre «un nouveau 11 septembre» contre des intérêts américains en Allemagne.

«Si les accusés avaient réussi à réaliser ce qu'ils planifiaient, cela aurait conduit à un bain de sang monstrueux principalement parmi le personnel militaire américain, et aussi parmi des civils», a déclaré le président de la cour d'assises de Dusseldorf (ouest), Ottmar Breidling, estimant que les accusés avaient rêvé d'un «deuxième 11 septembre 2001».

Deux Allemands convertis à l'islam, Fritz Gelowitz, 30 ans, considéré comme le chef de file du quatuor, et Daniel Schneider, 24 ans, ont écopé de 12 ans d'emprisonnement à l'issue d'un procès considéré comme l'un des plus importants en matière de terrorisme dans le pays depuis les affaires d'attentats de la Fraction armée rouge (RAF), un groupe d'extrême gauche, dans les années 70-80.

Le Turc Adem Yilmaz, 31 ans, a été condamné à 11 ans de réclusion et l'Allemand d'origine turque, Atilla Selek, 25 ans, à 5 ans pour avoir prêté main forte au trio.

Tous les quatre avaient reconnu leur appartenance à «une organisation terroriste» et leurs projets d'attentats, lors de ce procès qui a duré près de dix mois.

Formés au Pakistan dans un camp d'entraînement de l'Union du Jihad islamique, organisation ouzbèke proche d'Al-Qaeda, les quatre militants avaient reconnu avoir projeté leurs attentats en octobre 2007 pour protester contre l'intervention occidentale en Afghanistan.

«Il y a beaucoup de jeunes hommes influençables et d'hommes qui ont été déjà écartés du droit chemin, prêts à tuer au nom de notions du Jihad», a souligné le juge Breidling. «L'islamisme violent a pénétré dans notre société et retourné de jeunes hommes contre elle».

L'accusation avait requis des peines allant de 5 ans et demi à 13 ans de prison, tandis que la défense avait plaidé pour des peines beaucoup plus légères en raison de leur coopération avec les autorités.

Les islamistes avaient l'intention d'attaquer la base militaire américaine de Ramstein mais aussi des discothèques, des restaurants et des aéroports en Allemagne. Ils devaient passer à l'action à la veille d'un vote parlementaire le 12 octobre 2007 sur la prolongation de l'engagement militaire de l'Allemagne aux opérations en Afghanistan.

L'affaire a été baptisée Sauerland, du nom de la région de l'ouest de l'Allemagne où trois des accusés ont été arrêtés en septembre 2007 en possession de 410 kg d'explosifs, soit 100 fois plus que les charges utilisées lors des attentats à Londres qui ont tué plus de 50 personnes en 2005.

Le quatrième, Atilla Selek, qui était accusé d'avoir fourni les détonateurs, a été arrêté en Turquie en novembre 2007 puis extradé vers l'Allemagne un an plus tard.

Les autorités allemandes avaient filé les accusés et avaient intercepté leurs conversations pendant des mois avant de les arrêter. Elles ont affirmé avoir obtenu des informations importantes concernant l'UJI.

L'Allemagne avait été profondément choquée, après leur arrestation, que des enfants du pays aient préparé un carnage sur son sol.

Au cours de leur procès qui s'est ouvert en avril 2009 à D-sseldorf, Gelowicz, Schneider et Selek ont assuré avoir renoncé à l'extrémisme, qualifiant leurs actes d'«erreurs».

Daniel Schneider avait par ailleurs reconnu avoir saisi l'arme d'un policier au moment de son arrestation et avoir appuyé sur la gâchette, sans faire de victime.

Les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis avaient été préparés en partie à Hambourg (nord de l'Allemagne).