Amorcée lundi par la petite société britannique Desire, la nouvelle campagne de prospection pétrolière au large des Malouines, vise, au grand dam de l'Argentine, à évaluer les ressources exploitables mais l'extraction de l'or noir ne devrait pas intervenir avant plusieurs années.

Huit ans après que le gouvernement des Iles Falklands eut mis aux enchères des licences d'exploration pétrolière, un consortium de jeunes compagnies britanniques entame une campagne de forage à 160 km au nord de l'archipel, britannique depuis 1833 mais toujours revendiquée par les Argentins.

Desire Petroleum a ouvert la chasse, en annonçant lundi qu'elle avait commencé les opérations dans le bloc de Liz, l'un des quatre forages qu'elle prévoit au minimum cette année.

Pour ce faire, les chercheurs d'or noir ont loué à grands frais les services «d'Ocean Guardian», une plate-forme pétrolière âgée de 25 ans, battant pavillon des îles Marshall, arrivée vendredi dans les Malouines après trois mois de voyage.

Sa compatriote Rockhopper prendra le relais, en sondant le bloc de Sea Lion. La plate-forme se déplacera ensuite dans le sud du bassin des Malouines, pour le compte de Falkland Oil & Gas, associée au géant minier anglo-australien BHP Billiton, avant de revenir dans le nord.

«Rockhopper participera au forage de 5 puits pendant la campagne dans le bassin nord des Malouines, dont 2 à titre d'opérateur (Sea Lion et Ernest, ndlr) et 3 comme associé minoritaire à Desire», a confirmé à l'AFP un porte-parole de l'entreprise.

L'objectif de cette campagne est de déterminer le potentiel pétrolier des eaux britanniques, au large des Malouines, un pactole qui échappe à l'Argentine, furibonde mais largement impuissante. Buenos Aires a publié un décret requérant que les navires traversant ses eaux pour aller vers les Malouines demandent un permis, écartant tout de même l'option d'une intervention militaire.

Le secrétaire d'État à la Défense Bill Rammell a assuré lundi qu'en tout état de cause «toutes les mesures nécessaires» seraient prises pour protéger les Malouines.

Selon la Société de géologie britannique, les réserves autour des Malouines pourraient atteindre 60 milliards de barils, soit l'équivalent des gisements de la mer du Nord.

De leur côté, les entreprises pétrolières en lice avancent des estimations nettement inférieures. 

Dans le nord du bassin des Malouines, où se trouvent les propriétés de Desire Petroleum et de Rockhopper, du pétrole avait déjà été découvert par Shell en 1998, mais son exploitation n'était alors pas jugée viable.

Avec un baril aujourd'hui cinq fois plus cher, Desire Petroleum pense pouvoir exploiter avec profit une réserve qu'elle chiffre à quelque 4 milliards de barils (391 millions de barils). Rockefeller table sur un peu moins d'1 milliard (998 millions) de barils.

Dans le bassin encore inexploré du sud des Malouines, en eaux plus profondes, Falkland Oil & Oil espère trouver 8 milliards de barils, des réserves équivalentes à celles de tout l'Azerbaïdjan, le plus gros producteur du Caucase.

Dans tous les cas, seuls les forages permettront de valider ces chiffres.

«Il est très difficile de faire des estimations avant les forages. Les spéculations faisant état de 60 milliards de barils semblent exagérement optimistes», juge ainsi Juliette Kerr, analyste du cabinet ISH Cera.

Quant à l'exploitation de l'or noir, elle ne devrait pas intervenir avant plusieurs années, «au moins trois ans» selon une source proche d'une compagnie. Prudents, les chercheurs d'or noir ne divulguent pas pour l'instant de détails concernant les futures infrastructures.

«Il est hors de question de vendre du pétrole à l'Argentine dans le climat politique actuel. La seule option serait d'exporter le pétrole» via des containers flottants, juge Mme Kerr.