La compagnie Yemenia a finalement renoncé samedi à suspendre ses vols à destination de Moroni en raison des tensions créées par le crash de son Airbus A310 qui a fait 152 morts, auxquels les Comoriens de Marseille ont rendu hommage par une marche silencieuse.

Le président du conseil d'administration de Yemenia, Abd al-Khaleq al-Qadhi, a indiqué samedi à l'AFP à Sanaa que sa compagnie maintenait finalement ses liaisons régulières hebdomadaires entre les capitales yéménite et comorienne.

«Pour Sanaa-Moroni, nous avons annulé tous les vols additionnels mais nous maintenons les vols réguliers, qui sont au nombre de deux par semaine», a affirmé au correspondant de l'AFP M. Qadhi.

«Le nombre de fréquences peut être révisé en fonction de leur rentabilité. Nous pouvons passer à un seul vol hebdomadaire», a-t-il précisé.

Plus tôt dans la journée, Yemenia avait annoncé à Paris qu'elle suspendait provisoirement l'ensemble de ses vols à destination de Moroni «eu égard aux graves événements survenus ces derniers jours et aux risques majeurs que certaines personnes font courir au personnel des aéroports, de notre compagnie, et aux passagers».

Les recherches se poursuivaient au large des Comores mais aucune partie de l'épave de Yemenia n'a été découverte, a déclaré à l'AFP le colonel Ismaël Mogne Daho, directeur des opérations de secours comoriennes.

Il démentait les affirmations d'une commission de l'aviation civile du Yémen selon laquelle des hélicoptères américains avaient repéré une grande partie de l'Airbus A310 «flottant à la surface de la mer».

«Ce ne sont que des rumeurs pour nous. Nous n'avons aucune information dans ce sens», a déclaré le colonel Mogne Daho.

Depuis que le vol 626 de la compagnie yéménite s'est abîmé en mer mardi près des côtes des Comores, des membres de la communauté comorienne de France manifestent contre les «vols-poubelles» à destination de l'archipel de l'océan Indien, reprochant à Paris d'avoir négligé sa sécurité.

Certains ont ont bloqué à Paris et à Marseille, dans le sud-est de la France, l'enregistrement de vols de Yemenia à destination de Moroni, la poussant jeudi à suspendre ses liaisons au départ de Marseille.

Concernant la desserte cette ville, le président du conseil d'administration de Yemenia a en revanche confirmé à l'AFP que l'ensemble des vols -additionnels et réguliers- étaient suspendus jusqu'à nouvel ordre.

L'Airbus A310 de Yemenia n'avait pas été formellement interdit en France mais n'y était pas revenu depuis un contrôle négatif en 2007.

Des milliers (10 000 selon la police, 40 000 selon les organisateurs) de Comoriens de Marseille ont défilé en silence samedi dans les rues de la ville en hommage aux victimes.

Le cortège a démarré au son d'une prière coranique et derrière une banderole noire. Aucun slogan n'était audible mais les participants brandissaient des banderoles où l'on pouvait lire «Plus de poubelles volantes» ou «Les morts n'ont pas de prix, nous nous battrons jusqu'au bout».

Quelque 130 000 Comoriens ou Franco-Comoriens vivent en France, dont quelque 80 000 à Marseille, davantage qu'à Moroni.

À Sarcelles, en banlieue parisienne, où vit une importante communauté comorienne, une cérémonie a aussi été organisée à la mémoire des victimes.

Samedi, le président de l'Union des Comores, Ahmed Abdallah Sambi, avait appelé la communauté comorienne de France au «calme» et à la «sérénité, leur demandant par l'intermédiaire de son ambassadeur à Paris de «faciliter la mobilisation de la solidarité nationale et internationale dont nous avons besoin».