Dans la rue en Europe, à la télévision au Gabon, menacées de mort dans des villages du Pakistan, les femmes ont célébré dimanche leur journée internationale de manière inégale, manifestant notamment pour l'égalité des droits et la fin des violences à leur endroit.

La plus importante manifestation a eu lieu en Pologne, où près de 6.000 personnes ont dénoncé à Varsovie le non-respect des droits des femmes, en particulier celui à l'avortement, contesté par la puissante Eglise catholique.

Plusieurs milliers de manifestants ont aussi défilé à Madrid pour l'égalité des sexes et des salaires et contre le machisme. Des centaines de manifestantes se sont rassemblées au Guatemala.

«Nous n'allons pas semer les graines d'un avenir meilleur ou récolter les bénéfices du changement dont nous avons besoin sans la participation entière et active des femmes tout autour du monde», a assuré depuis Washington le président américain Barack Obama.

«Les femmes ne doivent pas être les perdantes de la crise», a souligné à Berlin l'une des vice-présidentes du puissant syndicat allemand IG Metall, Helga Schwitzer.

Les transports publics d'Athènes et de Salonique étaient gratuits pour les femmes dimanche. Une maigre consolation pour les Grecques, dont le taux de chômage est deux fois plus élevé que celui des hommes.

En Italie, quelque 15 millions de brins de mimosa, traditionnel symbole de la Journée de la femme dans le pays, ont été distribués dimanche.

Le pape Benoît XVI a célébré la prière de l'angélus en espérant voir les femmes «toujours plus respectées et valorisées».

Le quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, a célébré cette journée à sa façon en estimant que la machine à laver était l'un des objets qui a «le plus participé à l'émancipation des femmes occidentales au XXe siècle».

Le président cubain Raul Castro a qualifié de «honte» le niveau de représentation des femmes dans la vie politique, économique et sociale cubaine et a appelé le parti communiste à lutter pour qu'elles occupent des postes «de décision».

Le président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé le renforcement du ministère du droit des femmes, qui passe de secrétariat d'Etat à un «ministère du pouvoir populaire pour la femme et l'égalité des sexes».

Six associations algériennes ont publié une charte dénonçant les violences faites aux femmes et prônant la lutte pour des «lois civiles égalitaires dans tous les domaines».

De rares mobilisations ont été organisées en Asie, où les femmes sont souvent victimes de mariages forcés et de violences, en particulier en Afghanistan, Pakistan ou Bangladesh.

La lutte contre les «violences contre les femmes et les filles» était le thème central retenu cette année par l'ONU pour célébrer cette journée. «Le silence sur cette question a été brisé. C'est un premier pas», a noté Yakin Erturk, rapporteur spécial de l'ONU sur la violence faite aux femmes.

Le leader rebelle du Darfour Abdal Wahid Mohammed Nour réfugié en France a appelé à la solidarité envers les femmes et filles du Darfour».

En Inde, des féministes ont dénoncé les récentes attaques contre les femmes par des extrémistes religieux pour «moraliser» leurs comportements jugés indécents.

La journée de la Femme ne risquait pas d'être célébrée dans la vallée pakistanaise de Swat, où le gouvernement local s'est résolu à mettre en place la loi islamique (charia) en échange de l'engagement des extrémistes talibans à mettre fin aux violences. Depuis, les femmes vivent plus que jamais cloîtrées chez elles, flirtant avec la mort dès qu'elles se risquent dehors.

En Irak, l'ONG britannique Oxfam a souligné que les femmes sont les «victimes oubliées» de la pauvreté et de l'insécurité.

En Iran voisin, la police a publié une nouvelle directive stipulant que tous les magasins de vêtements féminins ne devaient plus employer que des femmes.

Plusieurs milliers de femmes vêtues de pagnes ont défilé à Kinshasa pour dénoncer les violences sexuelles massives.

Au Liberia, plus de 400 femmes d'affaires et dirigeantes politiques ont discuté ce week-end des moyens de donner plus de pouvoir aux femmes dans le monde, à l'invitation de la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, première femme chef d'Etat d'Afrique.

Le Gabon a innové en faisant présenter les journaux des chaînes de télévision publiques pendant trois jours par des femmes.