La voiture blindée du premier ministre Yousuf Raza Gilani a essuyé des tirs hier près Islamabad, après que des troupes de l'OTAN venus d'Afghanistan eurent tué une vingtaine de civils dans un village pakistanais.

Les Talibans du Pakistan (TTP), interdits par le gouvernement Gilani, ont revendiqué l'attentat manqué. «Nous allons continuer nos attaques», a dit Muslim Khan, porte-parole du TTP dans la vallée de Swat.

L'armée a annoncé entre-temps avoir tué une trentaine d'islamistes armés dans la vallée de Swat, au coeur des zones tribales dans le nord-ouest du Pakistan où les États-Unis soupçonnent Al-Qaeda et les talibans afghans de se regrouper.

Sous la pression de Washington, l'armée a lancé le 6 août une vaste offensive dans la vallée de Swat et dans le district tribal de Bajaur. Les bilans livrés par l'armée ne sont pas vérifiables, les zones de combats étant interdites d'accès.

Accusations et mutisme

Mais le Pakistan a protesté vivement contre l'opération de l'OTAN au sol, qu'il a qualifiée d' "agression contre (sa) souveraineté et (son) intégrité territoriale".

Rehman Malik, conseiller du premier ministre pour les affaires intérieures, a indiqué entre-temps que l'armée allait suspendre ses opérations contre les islamistes pour la durée du mois de jeûne du ramadan.

Le Pentagone a refusé de commenter les accusations du Pakistan. "Je n'ai rien à vous dire sur ces informations", a déclaré un porte-parole du secrétariat à la Défense, Bryan Whitman.

Des porte-parole des forces étrangères à Kaboul ont dit qu'ils n'étaient "pas au courant" d'une quelconque opération en territoire pakistanais.

Selon Islamabad, ces forces ont commis "une agression directe" avec des troupes au sol et des hélicoptères de combats, tuant au moins 20 personnes, dont 15 femmes et enfants, dans le village d'Angoor Adda.

Jusqu'ici les forces américaines et de l'OTAN se limitaient à l'envoi de drones téléguidés pour bombarder des cibles au Pakistan, aux frappes aériennes et au tir de missiles depuis le territoire afghan.

L'attentat manqué contre le discret Gilani et la nouvelle dispute avec Washington interviennent à trois jours de l'élection du nouveau président du Pakistan, où Asif Ali Zardari, chef du PPP, le parti de Gilani, fait figure de favori.

Pas dans la voiture

Le gouvernement a annoncé que le premier ministre ne se trouvait pas dans le convoi, qui partait le chercher à l'aéroport. Les télévisions ont montré deux impacts de balles sur la vitre blindée du chauffeur.

"Le premier ministre poursuit son travail", a déclaré à la télévision la ministre de l'Information Sherry Rehman, ajoutant toutefois: "C'est un événement important et qui survient à un moment critique."

"Cela ne ressemble pas à une attaque des islamistes, qui sont plus professionnels et ont recours aux kamikazes", a commenté un haut responsable policier proche de l'enquête.

Faisant un pas en direction de la Ligue musulmane de Nawaz Sharif (PML-N), qui a quitté leur coalition en formulant des exigences, Zardari et Gilani ont promis hier d'abolir les pleins pouvoirs présidentiels que s'étaient octroyés les dictateurs militaires, dont l'ex-général président Pervez Musharraf, allié de Washington.

Mais Zardari a dit que l'élection, prévue samedi par un collège d'élus fédéraux et provinciaux, "ne sera pas facile". Le PML-N a présenté contre lui un ancien juge en chef de la Cour suprême, Saeed uz-Zaman Siddiqui.

Avec Daily Times, Dawn, Atimes.com, Abc, Cnn, The Guardian, Afp, Ap Et Reuters