« John McCain est notre héros ! » Même si Gustav frappait hier matin la Louisiane de plein fouet, Vickie Davis, déléguée de cet État, était rayonnante. Car John McCain, à son avis, n'aurait pas pu mieux gérer l'arrivée de l'ouragan en sol américain.

Les responsables de la campagne du candidat ont offert leur aide aux participants à la convention républicaine en provenance d'États menacés par Gustav. Vickie Davis et son mari en ont profité.

En quittant la Louisiane pour le Minnesota, où se déroule la convention, le couple avait laissé derrière lui ses quatre jeunes enfants et leur grand-mère de 83 ans.

L'équipe de John McCain a nolisé un avion pour les rapatrier. Ils sont arrivés dimanche soir à Saint Paul, en compagnie d'une poignée d'autres « réfugiés ».

Hier, dans un chic hôtel situé en banlieue de la capitale de l'État, la famille au grand complet a tenu à faire part de son bonheur aux représentants des médias. Tous les autres délégués interviewés sur place ont aussi loué les efforts et la « compassion » du candidat de leur parti.

La conférence de presse était organisée en marge du déjeuner de la délégation républicaine de Louisiane. Événement auquel participaient aussi deux invitées-surprises : Laura Bush et Cindy McCain.

« Nous prions tous pour que ceux qui ont été évacués puissent retourner directement dans leurs maisons et que les enfants puissent retourner directement dans leurs écoles », a lancé la femme de l'actuel président.

« Ça pourrait ne pas être aussi terrible que nous le pensions. Et je sais que c'est par-dessus tout à cause de toutes nos prières », a renchéri la femme du candidat républicain à la Maison-Blanche.

Le cauchemar Katrina

Les deux femmes ont ensuite rencontré l'ensemble des participants à la convention, en début de soirée. Ils étaient quelques milliers, réunis au Xcel Energy Center de Saint Paul. Le slogan « Le pays d'abord » avait été inscrit à plusieurs endroits dans le complexe sportif.

Les deux femmes voulaient réconforter les républicains affectés par Gustav, mais aussi solliciter des fonds pour les sinistrés. Leurs brèves apparitions ont été le clou d'une journée fortement perturbée par l'ouragan.

Tous les discours prévus en soirée à la convention ont été annulés. Les poids lourds du Parti républicain au programme – George W. Bush, Dick Cheney et Arnold Schwarzenegger – n'ont même pas mis les pieds au Minnesota.

McCain avait répété, ces derniers jours, qu'il n'était pas question de faire la fête à Saint Paul alors que les États du golfe du Mexique subissaient les assauts de Gustav. Il a tenu parole.

Les républicains veulent à tout prix éviter les erreurs commises par l'administration Bush après Katrina, en 2005. Le président avait alors tardé à se préoccuper du sort des sinistrés. Il avait même pris le temps d'aller célébrer l'anniversaire de John McCain en Arizona le jour même où l'ouragan dévastait La Nouvelle-Orléans.

Mieux sans Bush

La convention républicaine a donc commencé de façon fort peu conventionnelle. On a même annoncé que les délégués, dont les travaux ont été écourtés, ont pris le temps d'assembler des dizaines de milliers de paquets pour les expédier aux sinistrés. À l'intérieur : des produits de première nécessité et de la nourriture.

L'ensemble de ces tactiques risque fort de profiter à John McCain, a estimé Matthew Dowd, qui était le stratège principal de la campagne de George W. Bush en 2004.

Selon lui, les Américains vont analyser la performance actuelle du candidat républicain à l'aune de celle de George W. Bush après Katrina. « Je pense que le public américain n'aime pas les erreurs, mais apprécie encore plus qu'on apprenne des erreurs », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Sans compter qu'éliminer les discours prévus hier faisait probablement l'affaire de John McCain. Cela donnera « moins de munitions à Barack Obama », a estimé l'analyste. « Je suis sûr que la campagne de McCain préfère voir Laura Bush parler des secours à la suite de l'ouragan que George Bush parler de la guerre en Irak ! »