Le principal stratège de Hillary Clinton, Mark Penn avait conseillé à la sénatrice de New York d'attaquer son rival Barack Obama lors des primaires démocrates, en le présentant comme éloigné «des valeurs de base et de la culture américaine», selon un argumentaire de campagne publié mardi.

Le magazine The Atlantic publie dans son numéro de septembre plus d'une vingtaine d'argumentaires et de notes rédigés par l'équipe de campagne de Mme Clinton entre octobre 2006 et juin 2008.

Archi favorite des primaires pour l'investiture démocrate, Mme Clinton a vu ses ambitions présidentielles s'écrouler face à la montée en puissance de son rival Barack Obama et a abandonné la course début juin.

Les mémos de campagne montrent une équipe d'abord persuadée que les primaires seraient un jeu d'enfant.

En octobre 2006, les stratèges de Mme Clinton ne s'inquiètent pas du tout de M. Obama mais de Al Gore qui, selon Mark Penn, «attendrait pour s'élancer» dans la course.

En mars 2007, alors que le sénateur de l'Illinois ne s'est pas encore déclaré candidat à l'investiture, M. Penn estime que M. Obama «n'est pas éligible sauf, peut-être, contre Attila le Hun». «Je ne peux pas imaginer, écrit-il, que l'Amérique élise en temps de guerre un président qui ne soit pas fondamentalement américain dans son centre, ses pensées et ses valeurs». Le stratège conseille alors, au cas où, d'attaquer M. Obama sur «son manque de racines américaines».

Les documents publiés par The Atlantic montrent également une Hillary Clinton particulièrement en colère après sa défaite dans l'Iowa début janvier lors du coup d'envoi des primaires démocrates. Au cours d'une réunion téléphonique, Mme Clinton tente d'analyser sa défaite. Ses conseillers se taisent. «Cela a été très intéressant de parler avec moi-même», dit avec rage Mme Clinton avant de raccrocher.

Mark Penn suggère de mener des campagnes négatives contre M. Obama en insistant notamment sur ses liens avec le pasteur Jeremiah Wright, un pasteur noir controversé pour ses sermons jugés anti-américains.

En juin, alors que la course est bouclée, l'équipe de Mme Clinton envoie un argumentaire de dix pages aux «super-délégués» pour tenter de les convaincre que la sénatrice de New York est mieux placée que M. Obama dans la perspective de l'élection de novembre.