Une reconnaissance par la Russie des républiques séparatistes géorgiennes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud serait une «tentative de changer les frontières de l'Europe par la force» qui aura des «résultats désastreux», a mis en garde le président géorgien Mikheïl Saakachvili dans un entretien publié lundi par un journal français.

«Je crois que c'est une faute grave, une tentative de changer les frontières de l'Europe par la force. Cela va avoir des résultats désastreux, y compris pour la Russie», a déclaré M. Saakachvili au journal Libération.

Le Conseil de la Fédération, chambre haute du Parlement russe, s'est prononcé lundi matin pour une telle reconnaissance, la décision revenant désormais à l'exécutif russe.

«Je ne crois pas que quelqu'un dans la communauté internationale sera assez irresponsable pour l'accepter», a ajouté le président de Géorgie. «C'est une invasion classique qui n'a rien à voir avec le droit international».

Dans cet entretien, le président géorgien a également exprimé sa «reconnaissance» au président français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne, qui avait négocié avec Moscou et Tbilissi un accord de cessez-le-feu.

«C'était une opération de sauvetage de la part de Sarkozy. Je lui suis personnellement reconnaissant», a-t-il déclaré. «Si l'Union européenne avait été présidée par un petit pays ou si Sarkozy était parti en vacances, il y aurait eu de grandes chances que les chars russes soient déjà à Tbilissi».

Le président géorgien a aussi expliqué avoir cru au départ que la montée de la tension en Ossétie du Sud avait été un «bluff» et «qu'on pouvait tout arrêter».

«J'ai commis cette faute parce que je pensais que l'attaque principale aurait lieu en Abkhazie. Pas qu'ils (les Russes) pourraient attaquer Tbilissi».