Le ministre des Affaires étrangères irakien, Hoshyar Zebari, a déclaré mercredi que Washington et Bagdad avaient «quasiment finalisé» le projet d'accord controversé de sécurité qui précise les modalités de la présence à long terme sur le sol irakien des troupes américaines.

Les négociations, mal engagées il y a encore quelques semaines, ont connu un développement rapide ces derniers jours.

«Nous parlons d'un accord-cadre stratégique qui va améliorer la coopération entre l'Irak et les Etats-Unis sur de nombreux sujets. (...) Nous avons quasiment finalisé le document», a dit M. Zebari lors d'une conférence de presse à Bagdad.

Il a également annoncé que le roi Abdallah II de Jordanie effectuerait prochainement une visite en Irak, devenant ainsi le premier chef d'Etat arabe à s'y rendre depuis l'invasion américaine de mars 2003 qui a renversé le dictateur Saddam Hussein.

Lundi, la Jordanie avait indiqué avoir nommé un ambassadeur à Bagdad. Elle y était jusque-là représentée par un chargé d'affaires depuis qu'un attentat avait touché l'ambassade en août 2003.

La Jordanie accueille des centaines de milliers de réfugiés irakiens sur son sol et a signé des accords pétroliers avec l'Irak.

Les États-Unis ont fait pression sur leurs alliés arabes pour qu'ils normalisent lurs relations avec l'Irak et y envoient des représentants afin de contrebalancer l'influence de l'Iran, accusé par l'administration de George W. Bush d'ingérences chez son voisin irakien.

M. Zebari a vu dans ces nouvelles la preuve que «la confiance des pays arabes envers l'Irak a grandi». Ce alors que son pays est engagé dans de rudes négociations avec les Etats-Unis sur l'accord de sécurité portant sur les modalités de la présence des troupes américaines en Irak.

«Les instructions de mon gouvernement sont d'arriver à un accord acceptable qui préserve la souveraineté de l'Irak» avant la fin juillet, date butoir des négociations, a-t-il dit.

La résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui règle la présence militaire étrangère en Irak expire à la fin 2008.

M. Zebari a indiqué que le nouvel accord, s'il était signé, porterait sur une période d'«un ou deux ans» au moins.

Les différentes formations politiques irakiennes ont montré une forte opposition à ce projet. Le mouvement du leader radical chiite Moqtada Sadr l'a qualifié d'instrument d'«esclavage éternel» de l'Irak.

Les négociations achoppaient sur plusieurs points: l'immunité accordée aux soldats américains déployés en Irak, l'immunité accordée aux personnels des compagnies privées de sécurité, le contrôle de l'espace aérien, des bases militaires américaines permanentes et le calendrier de retrait des troupes.

Mardi, M. Zebari avait indiqué que Washington avait accepté de renoncer à l'immunité dont bénéficient les agents de sécurité privés. Il a salué mercredi la «grande souplesse» de la délégation américaine à Bagdad, où se tiennent les négociations.

Néanmoins, au cas où les pourparlers échoueraient ou que la signature de l'accord n'intervienne pas avant fin juillet, Bagdad et Washington envisagent deux autres options.

«Soit nous tentons de parvenir à un accord bilatéral de remplacement, soit nous allons devant le Conseil de sécurité (de l'ONU, ndlr) pour prolonger d'une année» la durée de la résolution qui règle la présence des troupes étrangères dans le pays, a dit le ministre.