À quatre jours du conseil européen extraordinaire sur la crise russo-géorgienne convoqué par Nicolas Sarkozy, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a fait état jeudi de possibles sanctions à l'encontre de la Russie.

«Des sanctions sont envisagées (...) et bien d'autres moyens», a-t-il déclaré devant la presse à l'occasion de l'ouverture des travaux de la conférence des ambassadeurs à Paris.

«J'ai le sentiment qu'il faudra prendre en compte cette nouvelle politique de la Russie de façon extrêmement précise», a-t-il ajouté, estimant que la crise actuelle pourrait durer «des années», même s'il «souhaite que ce soit beaucoup plus court».

Le ministre des Affaires étrangères a encore expliqué que la présidence française de l'UE travaillait «avec acharnement» avec ses 26 partenaires et tentait «d'élaborer un texte fort, signifiant notre volonté de ne pas accepter».

Lundi, à Bruxelles, les sanctions contre Moscou «seront certainement abordées», a-t-il dit. «Certains pays ont déjà demandé que les sanctions soient avancées. C'est dans la discussion lundi de conclusions qui auraient l'accord des 27 pays.»

M. Kouchner ne s'attend toutefois pas à une position unanime sur ce dossier. «Il y aura des idées différentes et il faudra que la France soit capable d'en faire la synthèse», a-t-il indiqué.

À ses yeux, «rien n'est plus important que l'unité face à un problème aussi grave, rien ne serait plus dommageable que de sortir de la réunion de lundi sans une unité non pas de façade mais une unité politique réelle».

La veille, à la même tribune, M. Sarkozy avait plaidé pour une «ligne commune» entre Européens lors du sommet extraordinaire de lundi, sans s'avancer sur les mesures qui pourraient être décidées.

«Ce qui est en cause dans ce conflit est essentiel» et pourrait affecter «pour longtemps la relation de l'Union avec la Russie», avait mis en garde le président français. Pour autant, «personne ne souhaite revenir au temps de la guerre froide», avait-il tempéré, affirmant que l'OTAN est «un partenaire de la Russie».

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé jeudi ne pas avoir connaissance de sanctions en préparation par l'Union européenne contre Moscou dans la crise géorgienne.

«C'est la première fois que j'entends parler de ces sanctions», a dit Lavrov à l'agence Itar-Tass

Mais, a-t-il souligné, M. Kouchner «dit beaucoup de choses». «Je l'interprète comme la manifestation d'un abattament absolu devant le fait que le protégé de certaines capitales occidentales ne s'est pas montré à la hauteur de leurs attentes», a déclaré Lavrov dans une allusion directe à la Géorgie.