La Russie a officiellement gelé jeudi jusqu'à nouvel ordre sa coopération militaire avec l'OTAN, une réplique aux critiques proférées cette semaine par les pays membres de l'Alliance.

«Nous avons reçu une notification des Russes, par les canaux militaires, disant qu'ils avaient décidé d'arrêter les opérations militaires de coopération internationale entre la Russie et les pays de l'OTAN», a précisé à l'AFP une porte-parole de l'Alliance, Carmen Romero.

L'OTAN a «davantage besoin» du soutien de la Russie, notamment en Afghanistan, que Moscou n'a besoin de l'Alliance, avait souligné un peu plus tôt jeudi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à la télévision russe.

Moscou aide notamment l'OTAN en matière de transit des matériels militaires vers l'Afghanistan.

«Nous n'avons pas l'intention de claquer la porte» de la coopération avec l'OTAN, a toutefois précisé le chef de la diplomatie russe.

«Tout dépend des priorités de l'OTAN: si ces priorités vont à un soutien inconditionnel au régime en faillite (du président géorgien) Saakachvili, et si le prix qu'ils (les pays de l'OTAN) sont prêts à payer est la rupture des relations avec la Russie, ce n'est pas notre choix», a-t-il expliqué.

Le département d'État américain a jugé «regrettable» que la Russie ait décidé de suspendre sa coopération militaire avec l'OTAN.

«Je ne peux pas imaginer dans les circonstances actuelles que nous nous engagions dans une coopération militaire avec les Russes, tant que la situation en Géorgie n'est pas résolue», a toutefois déclaré dans la foulée le porte-parole de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, Gordon Johndroe, depuis Crawford (Texas,) où le président américain George W. Bush se trouve dans son ranch.

La Russie avait prévenu mardi qu'elle tirerait «les conclusions qui s'imposent», après une réunion d'urgence le même jour de l'Alliance atlantique à Bruxelles.

Les pays de l'OTAN avaient alors sommé la Russie de tenir sa promesse de retirer ses troupes de Géorgie et avaient décidé de suspendre les réunions de leur forum de coopération, le Conseil OTAN-Russie, créé en 2002, tant qu'elle ne le ferait pas.

Les 26 pays membres ont averti dans une déclaration commune que l'OTAN ne pouvait pas «continuer comme si de rien n'était» ses relations avec Moscou.

Désireux de prouver leur soutien à la Géorgie, ils ont aussi annoncé la création d'une commission OTAN-Géorgie, chargée de superviser la coopération entre ce pays et l'Alliance atlantique. Elle doit mener à terme à l'intégration de cette ex-république soviétique à l'OTAN, comme l'Alliance l'a promis à Tbilissi en avril dernier.

L'OTAN n'a cependant pris aucune décision pour accélérer le processus d'adhésion de la Géorgie, ce qui n'aurait pas manqué de susciter une réaction autrement plus vive de Moscou.

Pour autant, «le processus formel (d'intégration) a été lancé avec l'établissement de cette commission», a jugé le chef de la diplomatie britannique David Miliband, dans un entretien publié jeudi dans The Guardian.

Depuis le début du conflit russo-géorgien, plusieurs pays de l'OTAN, États-Unis en tête, ont annoncé l'annulation de leur participation à des manoeuvres navales conjointes avec la Russie. Moscou avait annoncé la même décision concernant des exercices prévus en mer Baltique dans le cadre d'un programme de partenariat de l'Alliance.

Le représentant de la Russie auprès de l'OTAN, Dmitri Rogozine, s'est pour sa part envolé pour Moscou.