Coincés entre l'explosion des coûts du carburant, l'inflation alimentaire et la crise du crédit qui continuent de plomber la croissance économique mondiale, les leaders des huit pays les plus industrialisés sont confrontés à la pire combinaison de problèmes économiques en au moins dix ans à l'aube de leur rencontre au Japon, la semaine prochaine.

Le ciel s'est passablement assombri depuis leur rencontre de l'an dernier, en Allemagne. A ce moment, les dirigeants estimaient que l'économie mondiale était «en bonne santé» et le baril de pétrole valait 70 $ US - ce qui paraissait élevé à l'époque.

Depuis ce moment, la crise hypothécaire a explosé aux États-Unis, matraquant aussi bien les marchés que les bénéfices des grandes institutions financières. Le cours du baril de pétrole a plus que doublé, surpassant les 140 $ US. Et les prix des aliments ont bondi, frappant particulièrement durement les pauvres et augmentant les risques d'instabilité politique.

«La situation s'est détériorée sur tous les plans», a dit le vice-président du conseil d'administration de la firme new-yorkaise Goldman Sachs, Robert Hormats.

M. Hormats est d'avis que les problèmes économiques d'aujourd'hui sont plus graves et plus répandus que ceux de la crise financière asiatique de 1997-1998, quand les dégâts avaient essentiellement été limités aux marchés en développement.

«On a maintenant une situation financière problématique dont l'épicentre se trouve aux États-Unis», a-t-il rappelé. Et l'inflation du pétrole et des aliments «sont des problèmes graves qui touchent un très grand nombre de gens».

Le pays hôte de la rencontre de cette année, le Japon, a placé les changements climatiques au sommet de l'ordre du jour. Toutefois, les pistes de solution pour confronter les pressions inflationnistes et le ralentissement économique mondial risquent fort de retenir l'attention.

Le premier ministre japonais Yasuo Fukuda a dit espérer que la rencontre des 7, 8 et 9 juillet - qui aura lieu dans une station balnéaire de l'île d'Hokkaido - accouchera d'une «certaine direction» en réponse à ces problèmes, tout en rappelant qu'il ne s'agit que «d'un seul pas» dans un processus plus long.

Au sujet du pétrole, les analystes craignent fort de voir le G8 - composé du Canada, des États-Unis, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon, de la France, de la Russie et du Royaume-Uni - réclamer uniquement une nouvelle hausse de la production.

Lors d'une rencontre des ministres des Finances le mois dernier, l'Allemagne, la France et l'Italie ont tenu les spéculateurs responsables de cette hausse des cours du pétrole, tandis que les États-Unis et le Royaume-Uni pointaient du doigt une offre qui ne progresse pas au même rythme que la demande.

Au même moment, les coûts du maïs, du blé, du riz, du soya et d'autres produits agricoles ont explosé en raison d'une modification des habitudes alimentaires, de l'urbanisation, de la croissance démographique, des problèmes de température, de la croissance de la production de biocarburants et de la spéculation.

Les leaders du G8 pourraient maintenant annoncer une nouvelle aide ou encore promettre des investissements dans l'agriculture des pays les plus pauvres, disent les experts.

La crise du crédit et les problèmes qui touchent les marchés mondiaux seront aussi au menu, mais en l'absence des gouverneurs des banques centrales, les dirigeants se contenteront vraisemblablement de commentaires très généraux.

Règle générale, pendant ce sommet, les leaders chercheront d'abord et avant tout à démontrer qu'ils peuvent «traverser la crise du pétrole sans provoquer l'effondrement de l'économie mondiale», a estimé Tom Cooley, de l'Université de New York.

Les chefs pourraient aussi profiter de l'attention portée aux changements climatiques pour rappeler l'importance de l'efficacité énergétique et des formes d'énergie alternatives.

«L'important n'est pas ce qu'ils font à ces rencontres mais ce qu'ils font chez eux», a fait valoir Robert Hormats.