Le chef de l'opposition malaisienne Anwar Ibrahim a été formellement inculpé jeudi pour «sodomie», une accusation qu'il réfute en dénonçant une machination du pouvoir pour contrer son retour en politique depuis son succès aux législatives de mars.

«C'est une calomnie, une accusation malveillante et je suis innocent», a déclaré M. Anwar qui a plaidé non coupable après s'être vu communiquer par un tribunal de Kuala Lumpur les motifs de son inculpation.

Il a été libéré sous caution (6.100 dollars) jusqu'à la prochaine audience prévue le 10 septembre.

M. Anwar est poursuivi par un de ses assistants âgé de 23 ans, Mohamad Saiful Bukhari Azlan, qui a déposé une plainte à son encontre.

Ces poursuites surviennent à quelques semaines d'une élection partielle qui pourrait signer le retour du chef de l'opposition au Parlement.

Anwar Ibrahim convoite le siège de député laissé vacant par son épouse mais sa victoire serait invalidée en cas de condamnation, selon la Commission électorale.

La justice de Malaisie, pays à majorité musulmane, réprime la «déviance sexuelle et les pratiques répréhensibles» par de lourdes peines d'emprisonnement.

Cette affaire politico-judiciaire a pris des allures de feuilleton depuis que Anwar Ibrahim s'est réfugié fin juin pendant toute une journée à l'ambassade de Turquie à Kuala Lumpur, affirmant redouter une tentative d'assassinat commanditée par le gouvernement.

Il a été ensuite brièvement arrêté le 16 juillet dans le cadre de l'enquête avant d'être libéré sous caution.

Ce type d'accusations n'est pas nouveau pour Anwar Ibrahim. En 1998, M. Anwar, alors vice-Premier ministre, avait été démis de ses fonctions et condamné à une peine de prison à la suite d'accusations de «sodomie» et «corruption» qui avaient déjà, selon lui, des motivations politiques.

Après avoir passé six ans en prison, il avait été libéré en 2004 lorsque sa condamnation pour «sodomie» avait été annulée.

M. Anwar a effectué un spectaculaire retour sur la scène politique lors des élections législatives du 8 mars dernier au cours desquelles sa formation, le Keadilan, s'est imposée comme le premier parti d'opposition au Parlement.