Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, en visite à Damas, a annoncé lundi que la Syrie et le Liban échangeront des ambassadeurs «avant fin 2008», après un entretien avec le président syrien Bachar al-Assad.

«J'ai constaté la bonne volonté de continuer ce processus (de normalisation au Liban) avec une date pour l'échange d'ambassadeurs qui est avant la fin de l'année. J'en suis heureux», a déclaré M. Kouchner lors d'une conférence de presse avec son homologue syrien Walid Mouallem.

La visite de M. Kouchner, la première d'un membre du gouvernement français depuis le gel des contacts de haut niveau avec Damas en 2005, intervient après l'annonce le 13 août par la Syrie et le Liban de leur décision de nouer des relations diplomatiques et d'échanger des ambassadeurs pour la première fois.

Les deux pays n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis la proclamation de leurs indépendances il y a plus de soixante ans, à la fin du mandat français.

M. Kouchner s'est dit cependant «plus malheureux» concernant certains points au Liban dont il a «parlé avec le président Assad».

Le ministre français a évoqué «la situation à Tripoli», dans le nord du Liban, théâtre de violences meurtrières et qui «risque d'être dangereuse et d'éclater».

«Il y a aussi le problème du Hezbollah (auquel) nous sommes très attentifs, et le problème des discours du côté israélien comme du côté libanais», a poursuivi M. Kouchner en allusion au discours du chef du mouvement chiite libanais Hassan Nasrallah dimanche à Beyrouth.

Hassan Nasrallah avait menacé de «détruire» l'État d'Israël si ce pays mettait à exécution ses menaces de s'attaquer aux infrastructures civiles du Liban en cas de nouveau conflit avec le Hezbollah.

«Tout ça fait problème, mais (...) je pense que ça va un peu mieux» au Liban, a estimé M. Kouchner.

Toutes ces questions seront «précisées» lors de la visite du président Nicolas Sarkozy à Damas, prévue début septembre, a-t-il dit.

«Nous l'avions promis (...) dès lors que la situation au Liban aurait été meilleure, que l'élection du président libanais aurait été possible et voilà que maintenant nous ouvrons une nouvelle ère des relations entre la Syrie et la France», a indiqué M. Kouchner.

M. Kouchner, qui venait de Beyrouth, a affirmé que «les chose politiquement vont mieux au Liban. Je suis heureux que les nouvelles dispositions de la Syrie aillent dans ce sens».

Pour sa part, M. Mouallem s'est félicité que les relations entre la Syrie et la France «retournent à leur état normal».

Le ministre syrien a appelé la France à jouer «un rôle qui redonne confiance aux peuples de la région. Nous tendons la main à la France pour qu'elle joue un rôle privilégié au Proche-Orient (...) qui encourage la sécurité et la stabilité».

M. Kouchner est arrivé en début d'après-midi à Damas pour préparer la visite de M. Sarkozy. Celle-ci avait été annoncée pour septembre à l'issue d'un entretien du dirigeant français avec son homologue syrien, le 12 juillet à Paris, lors du sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée.

La Syrie a été isolée par la communauté internationale pendant plusieurs années en raison de son rôle prêté par les Occidentaux dans les troubles au Liban.

La France veut désormais encourager la «bonne volonté» syrienne, manifestée selon elle à l'occasion de l'élection du président libanais en mai et par la reprise des négociations indirectes entre Damas et Israël.