Au moins 28 civils et trois soldats ont été tués lors d'une série d'attaques lancées lundi par des rebelles séparatistes musulmans contre des villes à majorité chrétienne du sud des Philippines, selon des responsables locaux et des témoins.

Des centaines de rebelles du Front Moro islamique de libération (MILF) ont lancé des assauts coordonnés sur quatre localités dans les provinces de Lanao del Norte et de Sarangani, situées sur la grande île méridionale de Mindanao à majorité musulmane.

Des journalistes de l'AFP ont vu neuf corps en bordure de route dans le village de Lapayan (province de Lanao del Norte) où de la fumée s'échappait de plusieurs habitations.

Six autres corps ont également été découverts dans une ville proche de Lapayan alors que cinq autres civils ont été tués par des rebelles dans un village voisin, ont affirmé à l'AFP des habitants qui fuyaient les combats.

Une attaque concomitante survenue à Maasim (province de Sarangani) a coûté la vie à deux autres civils, selon un porte-parole militaire.

Mais les combats les plus nourris ont opposé l'armée et la police à quelque 200 séparatistes à Kolambugan où six habitants et trois militaires sont morts.

Selon le maire de cette municipalité à majorité chrétienne, Beltran Lumaque, interrogé par la radio DZBB, «les rebelles ont atteint le centre-ville, ils ont pris le contrôle du quartier d'affaires, des banques, des échoppes de prêteurs sur gages».

Le porte-parole de la province de Lanao del Norte, Lyndon Calica, a également affirmé que les insurgés avaient pris le dessus et incendié un poste de police.

«Kolambugan est quasiment contrôlé par les MILF», a-t-il dit.

À Manille, le chef des armées, le général Alexander Yano, a assimilé les attaques rebelles à «une déclaration de guerre virtuelle».

«Les forces armées philippines (FAP) ne permettront pas la poursuite de ces agissements», a-t-il assuré lors d'une conférence de presse.

La présidente des Philippines, Gloria Arroyo, a ordonné à l'armée de «défendre chaque pouce» du territoire.

«Nous ne tolérerons pas cela et nous réprimerons violemment toute tentative de perturber la paix et le développement à Mindanao», a-t-elle déclaré dans une adresse radiodiffusée à la nation.

Dimanche, quatre soldats philippins et trois membres de milices pro-gouvernementales ont été tués dans une embuscade des rebelles dans la province de Lanao del Sur.

Les violences ont éclaté après la décision, le 4 août, de la Cour suprême de suspendre le projet d'établissement d'une région musulmane dans le sud des Philippines. Quelque 1.500 insurgés du MILF avaient alors pris le contrôle de la plupart des villes et villages chrétiens dans le nord de la province de Cotabato.

La population de Mindanao est en majorité musulmane, mais les Philippines sont très majoritairement catholiques.

Le MILF, fort de 12 000 hommes, mène une guérilla depuis 30 ans pour obtenir un État islamique indépendant dans le sud des Philippines.

Le MILF avait accepté une trêve et des négociations avec le gouvernement de Mme Arroyo en 2003. Les pourparlers se sont toutefois interrompus en décembre dernier à la suite d'un désaccord sur le contrôle de territoires réclamés par le MILF.