La campagne présidentielle américaine s'est encore envenimée jeudi, le camp du candidat républicain John McCain accusant le sénateur de l'Illinois Barack Obama de jouer la «carte raciale».

«Barack Obama a joué la carte raciale et il l'a jouée en maquillant la réalité. Cela crée des divisions, c'est négatif, honteux et faux», a affirmé Rick Davis, le directeur de campagne de M. McCain.

Le responsable de la campagne McCain réagissait à des propos de M. Obama affirmant que John McCain et les républicains essayaient de «faire peur» aux Américains à son sujet. «Comme ils n'ont pas de nouvelles idées, la seule stratégie qu'ils ont dans cette élection est d'essayer de vous faire peur à mon sujet. Ils vont essayer de dire: +il n'est pas assez patriotique, il a un drôle de nom et il ne ressemble pas à tous les présidents qu'on voit sur les billets de banque, il représente un risque+», a dit M. Obama.

Les billets de banque américains représentent d'anciens présidents... tous Blancs. Loin de calmer le jeu sur ce sujet potentiellement explosif, M. McCain a apporté son soutien à son directeur de campagne en estimant sur CNN que les remarques de M. Davis étaient «légitimes».

Le porte-parole de M. Obama, Bill Burton a expliqué que le candidat démocrate n'avait pas sous-entendu que M. McCain voulait jouer la carte raciale contre lui. «Barack Obama ne croit en aucune façon que la campagne McCain utilise la carte raciale comme thème de campagne mais il croît que la campagne républicaine utilise la vieille politique politicienne pour détourner les électeurs des vrais sujets de cette campagne», a dit M. Burton au cours d'une conférence de presse téléphonique.

La campagne présidentielle «prend un tour ignoble», a estimé David Plouffe, directeur de campagne de M. Obama.

Depuis son retour du Proche-Orient et d'Europe, M. Obama est sévèrement critiqué par le camp républicain. L'équipe de campagne de M. McCain a lancé ces derniers jours dans plusieurs États clefs une vaste campagne publicitaire télévisée décrivant M. Obama comme quelqu'un d'arrogant et présomptueux. Le dernier spot en date le compare aux starlettes Britney Spears et Paris Hilton, déconnectées des réalités et insensibles aux difficultés quotidiennes des Américains.

Un sondage publié jeudi par l'université Quinnipiac montre le sénateur de l'Illinois en tête en Floride (sud-est), Ohio (nord) et en Pennsylvanie (est) mais l'avance de M. Obama dans ces trois Etats clefs s'est sensiblement érodée par rapport à un sondage similaire publié à la mi-juin.

Vu la marge d'erreur de ce sondage, MM. Obama et McCain sont pratiquement à égalité en Floride et dans l'Ohio.

Depuis 1960, aucun candidat à la présidentielle n'a remporté la Maison Blanche sans gagner au moins deux de ces trois États.

Tous les sondages s'accordent pour dire que ce ne sont pas les questions internationales, y compris la guerre en Irak, qui préoccupent les Américains mais bien l'économie et, en premier lieu, le prix de l'essence.

Le candidat républicain a fait de la question de l'énergie une des priorités de sa campagne. Il répète de réunion en réunion qu'il est favorable à la reprise des forages pétroliers en mer le long des côtes américaines, interrompus depuis 1981.

Cette idée est ardemment défendue par les compagnies pétrolières et le président George W. Bush qui a demandé au Congrès, à majorité démocrate, d'autoriser au plus vite la levée du moratoire sur ces forages.

M. Obama est opposé à ce projet qu'il estime sans effet pour les consommateurs américains.

Les forages en mer «ne feront pas baisser le prix de l'essence aujourd'hui. Ils ne feront pas baisser le prix de l'essence durant le mandat de la prochaine administration. En fait, pas une goutte de pétrole ne proviendra de ces forages avant au moins dix ans», a dit M. Obama au cours d'une réunion électorale dans l'Iowa.