Un Rwandais ex-employé de l'ONU et recherché par mandat d'arrêt international pour génocide et crime contre l'humanité, Callixte Mbarushimana, a été arrêté lundi en Allemagne, a annoncé à l'AFP un procureur à Francfort (ouest).

«Il a été arrêté lundi après-midi à l'aéroport de Francfort, en zone de transit, alors qu'il voulait prendre un vol pour Saint-Pétersbourg», a déclaré mardi Peter Rückert, procureur chargé des questions d'extradition à la Cour d'appel de Francfort.

Callixte Mbarushimana, un Hutu de 44 ans, est l'un des dirigeants en exil des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), mouvement hutu rebelle basé dans l'est de la République démocratique du Congo.

Le Rwanda, qui a lancé contre lui un mandat d'arrêt pour génocide et crime contre l'humanité, «a été informé» de son arrestation, a ajouté M. Rückert.

Kigali accuse M. Mbarushimana d'avoir tué en 1994 et fait tuer de nombreux Tutsis, dont plusieurs de ses collègues alors qu'il travaillait pour le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) à Kigali. Il avait ensuite travaillé pour l'ONU en Angola puis au Kosovo.

M. Mbarushimana a toujours rejeté ces accusations. «Tout ce qu'ils ont dit est faux. Je n'ai rien fait de mal. Je n'ai jamais été impliqué dans aucun crime au Rwanda», avait-il réaffirmé en février 2007 dans un entretien à la télévision australienne SBS.

Placé en détention provisoire lundi, il devait être présenté mardi ou mercredi à un juge chargé de statuer sur sa détention, a indiqué le procureur allemand.

L'Allemagne n'a pas d'accord d'extradition avec le Rwanda mais pourrait tout à fait extrader M. Mbarushimana, a ajouté M. Rückert: «notre loi en matière d'entraide judiciaire internationale prévoit explicitement que l'on peut procéder à des extraditions dans un cas où il n'existe pas d'accord d'extradition», a-t-il expliqué.

«Mais nous en sommes au tout début de la procédure», a-t-il ajouté, en se refusant à toute conjecture sur la probabilité d'une extradition.

M. Mbarushimana avait déjà été arrêté en avril 2001 au Kosovo, où il travaillait alors pour la force onusienne Minuk. Mais faute de preuves suffisantes, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), créé par l'ONU et chargé de juger les principaux responsables du génocide, avait renoncé en septembre 2002 à le poursuivre.

La France, qui a accordé fin 2003 le statut de réfugié à M. Mbarushimana, a néanmoins ouvert début 2008 une enquête contre lui, après le dépôt en février d'une plainte d'une association de victimes du génocide.

Le statut de réfugié n'interdit pas les poursuites judiciaires.

«Je n'ai aucune raison d'informer la France de son arrestation, elle doit être au courant automatiquement via Interpol», a précisé le procureur allemand, qui a dit ne pas savoir si la justice française avait ou non émis un mandat d'arrêt contre le Rwandais.

Callixte Mbarushimana signait depuis Paris les communiqués émanant des FLDR. Son dernier communiqué, visible sur le site internet des FDLR, date de lundi.

Les rebelles du FDLR sont accusés par Kigali d'avoir participé au génocide rwandais de 1994, qui a fait 800 000 morts, selon l'ONU, essentiellement au sein de la minorité tutsie.