Le pape a pour la première fois présenté ses excuses publiques samedi à Sydney pour les abus sexuels commis par des prêtres, faisant un nouveau pas dans la prise en compte d'un scandale qui a gravement compromis la réputation de l'Église catholique dans plusieurs pays.

Benoît XVI s'est dit «profondément désolé pour la souffrance que les victimes ont endurée» en Australie et les a assurées qu'il «partage leur souffrance». Il a souligné que les coupables devaient être «conduits devant la justice».

C'est la première fois que le chef de l'Eglise catholique fait des excuses aussi explicites. Aux États-Unis où il s'était rendu en avril, il avait exprimé sa «honte», un terme qu'il a repris samedi en Australie. Il avait également reçu en privé plusieurs victimes.

Le pape s'est exprimé sur ce sujet durant une messe célébrée samedi matin devant les évêques et les séminaristes australiens, dans le cadre de sa participation aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Sydney.

«Je désire faire une pause pour reconnaître la honte que nous avons tous ressentie à la suite des abus sexuels sur des mineurs de la part de certains prêtres et religieux de cette nation», a-t-il dit durant son homélie.

«Je suis vraiment profondément désolé pour la souffrance que les victimes ont endurée et je les assure, en tant que pasteur, que je partage leur souffrance», a-t-il poursuivi.

Cette phrase a été ajoutée par le pape au texte préalablement distribué aux médias samedi matin. Le terme anglais «deeply sorry» correspond à des excuses.

Cependant un mouvement australien de défense des victimes et de leurs parents ne s'est pas estimé satisfait.

«Des excuses peuvent constituer un début, mais nous voulons voir plus», a déclaré Chris MacIsaac, porte-parole de l'association Broken Rites, ajoutant que ces excuses auraient dû être prononcées «dans une cathédrale pleine de victimes».

Les parents de deux jeunes filles victimes d'un prêtre de Melbourne ont également jugé les excuses du pape «décevantes».

«Il ne s'agit que de mots, la même chose entendue depuis 13 ans (...), il n'y a rien de concret derrière», a déclaré Anthony Foster, le père des jeunes filles, dont l'une s'est suicidée et l'autre a sombré dans l'alcool.

Le pape a souligné que les «méfaits» commis par des membres du clergé «doivent être condamnés sans aucune ambiguïté».

«Les victimes doivent recevoir compassion et soin et les responsables du mal doivent être conduits devant la justice», a ajouté Benoît XVI.

Benoît XVI a également donné comme «une priorité urgente la promotion d'un environnement plus sûr et plus sain, particulièrement pour les jeunes».

Les affaires de pédophilie ont concerné de nombreuses Eglises à travers le monde mais ont eu un retentissement particulier aux États-Unis et en Australie, au point d'éclipser partiellement les motifs du voyage du pape dans ces deux pays.

Benoît XVI est venu à Sydney présider les JMJ, rassemblement planétaire de jeunes catholiques qui doit s'achever dimanche par une messe en plein air sur un hippodrome où sont attendues 500 000 personnes.

Samedi soir, quelque 200 000 jeunes selon les estimations officielles ont afflué sur l'hippodrome pour une veillée présidée par le pape.

Sur leur parcours longeant le quartier gay de Sydney, quelque 500 militants hostiles au discours du pape sur la morale sexuelle ont manifesté et distribué des préservatifs.

Le Parlement de Nouvelle Galles du sud avait voté une loi interdisant d'«importuner» les