Les résultats des examens médicaux pratiqués samedi à Paris sur Ingrid Betancourt, au lendemain de son arrivée en France après plus de six ans de captivité dans la jungle colombienne, sont «satisfaisants», a indiqué à l'AFP sa soeur, Astrid.

Ex-otage de la guérilla, la Franco-Colombienne est restée pendant près de sept heures à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris, qu'elle a quitté en fin d'après-midi.

«Les résultats sont satisfaisants. Il y aura des examens complémentaires. Il y a certains points en observation, mais rien d'alarmant», a déclaré Astrid Betancourt.

«Elle doit se reposer, à cause de la fatigue accumulée», a-t-elle ajouté.

Plus tôt, alors que la famille attendait le résultat d'un dernier examen, Astrid Betancourt avait indiqué que «les résultats des premiers examens étaient plutôt rassurants»

Depuis sa libération, Ingrid Betancourt qui a très peu dormi, a multiplié les interviews, les conférences de presse, les interventions officielles, tout en affichant un sourire radieux.

Mais elle a aussi expliqué avoir été gravement malade au cours de sa captivité de six ans et quatre mois aux mains de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).

Elle était apparue extrêmement maigre et lasse dans une vidéo diffusée en novembre dernier, qui avait suscité l'inquiétude de ses proches.

Quelques mois plus tard, des informations alarmantes sur son état de santé avaient entraîné l'envoi par la France d'un avion médicalisé en Colombie. Des maladies comme une hépatite B, une amibiase et une leishmaniose avaient alors été évoquées.

«J'ai eu des chaînes tout le temps, 24 heures sur 24, pendant trois ans», a raconté Ingrid Betancourt, ajoutant avoir été victime de «sévices» et avoir été atteinte par une «série de maladies qui se sont accumulées».

L'ex-otage a plusieurs fois expliqué comment un de ses compagnons de captivité, le caporal William Perez, doté de notions d'infirmerie, lui avait «sauvé la vie».

«Quand il a vu que je ne me levais plus de mon hamac et que je refusais même de prendre un bain car je n'avais plus la force, il est venu me voir, il m'a diagnostiquée, il a pris sur lui de me remettre en vie», a-t-elle raconté.

De son côté, M. Perez, libéré en même temps qu'Ingrid Betancourt, a raconté qu'il avait «dû la nourrir avec soin car elle ne pouvait plus rien avaler et elle vomissait tout ce qu'elle ingurgitait».

Outre les séquelles physiques, des experts ont mis en garde contre de possibles traumatismes psychologiques liés à des années d'humiliations et d'espoirs déçus.

L'ex-otage qui a souvent fait état de sa foi catholique et d'une «protection spirituelle», a assuré qu'elle n'avait «pas de fardeau du passé à porter».

Mme Betancourt est arrivée vendredi à Paris accompagnée de sa mère Yolanda Pulecio et de ses enfants, Mélanie, 22 ans, et Lorenzo, 19 ans, son ex-mari Fabrice Delloye et sa soeur Astrid qui étaient allés la chercher en Colombie avec le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner.

Elle a été libérée mercredi avec 14 autres otages au cours d'une opération héliportée de l'armée colombienne.

La Radio suisse romande (RSR) a affirmé que des membres des Farc avaient touché quelque 20 millions de dollars pour libérer les otages, et que cette opération était «une mise en scène».

Pour prouver la véracité de sa version, Bogota qui a démenti avoir versé «le moindre centime», a diffusé des extraits d'une vidéo réalisée par un membre des commandos spéciaux de l'armée lors de cette opération de libération.

A Madrid, le ministre colombien de la Défense Juan Manuel Santos a indiqué samedi que l'opération avait été avancée de dix jours par les autorités colombiennes par craintes de fuites.

Ingrid Betancourt a, elle, déclaré ne pas croire à la possibilité d'une mise en scène.