Une bonne partie de la presse française estime vendredi qu'après la libération d'Ingrid Betancourt, la réconciliation nationale est le prochain défi à relever pour la Colombie.

Pour L'Humanite (communiset), «créer les conditions d'un cadre politique de négociations pour mettre fin à ce conflit (entre l'Etat colombien et les Farc) est une urgence internationale que l'écho de la libération d'Ingrid Betancourt doit servir à relancer et non à renvoyer à plus tard.»

Le Monde est certain, pour sa part, que le président colombien Alvaro Uribe «va tout faire, désormais, pour pousser son avantage et permettre à son pays de tourner la page de cette guerre civile».

Le Figaro (droite), pense lui aussi que «la pression militaire doit conduire à un règlement politique qui libère enfin la Colombie d'un mouvement armé adossé à l'argent de la drogue». Pour lui, Ingrid Betancourt, «héroïne de la résistance», «est en passe de devenir le symbole d'une réconciliation nécessaire».

Symbole ou maître d'oeuvre?... Il n'a pas échappé à Libération qu'Ingrid Betancourt «est apparue (...), dès les premières heures qui ont suivi sa libération, comme une femme politique, se situant nettement sur ce terrain et délivrant de forts discours et appels au dialogue».

La Montagne, relève elle aussi «la célérité et l'énergie inattendues avec lesquelles, aussitôt rendue à la liberté, (l'ex-otage) a repris pied dans les proches échéances électorales de son pays».

«À peine lui en offre-t-on l'occasion, et déjà revient la militante politique, guère disposée à faire la pause», observe Nord-Eclair, qui prédit qu'Ingrid Betancourt «ne s'accommodera pas d'un système qui contraint le paysan à se mettre au service des narco-trafiquants, lesquels subventionnent la plus ancienne des rébellions en Amérique latine.»

La Croix (catholique) souligne d'ailleurs que les Colombiens eux-mêmes ont démontré, en manifestant pour la libération des otages, «leur refus de la violence, leur désir de paix. Manifestation renouvelée désormais pour les centaines d'otages encore retenus par les Farc». Et d'ajouter: «Cette révolte de la population est un gage d'espoir pour l'avenir. Ingrid Betancourt saura l'incarner».

Mieux qu'Alvaro Uribe? Pour La Liberté de l'Est, le président colombien sort au contraire «grandi de cet épisode, dont il va se servir pour asseoir une autorité contestée».

En écho, Paris-Normandie remarque qu'Alvaro Uribe, «décrié à l'étranger, contesté dans sa légitimité», est depuis hier «face à un défi nouveau: transformer un succès militaire en renouveau politique».

Alors, Uribe ou Betancourt pour tourner la page de la guerre civile? Le coeur de nombreux éditorialistes penchent pour l'ex-otage, à l'instar de La Voix du Nord: «On se dit que ce pays miné par une guérilla interminable et par le trafic de la drogue aurait bien besoin du rayonnement d'Ingrid Betancourt».