Le président afghan Hamid Karzaï a violemment dénoncé lundi les services de renseignements pakistanais, qu'il a accusé d'être «responsables de la violence, des meurtres et de la destruction» en Afghanistan.

Cette déclaration très forte s'inscrit dans un contexte de tensions accrues entre les deux pays voisins, et alors que les violences s'intensifient en Afghanistan depuis plusieurs semaines.

«Nous savons qui a tué des innocents commerçants, des étudiants et des policiers en Orouzgan, nous savons qui a tué deux femmes opprimées à Ghazni, nous savons qui a martyrisé des habitants de Kaboul», a affirmé le président afghan dans un communiqué.

«Nous avons prévenu le gouvernement du Pakistan et le monde et cela sera désormais répété par chaque membre de la nation afghane: la violence, les meurtres, les destructions qui affectent l'Afghanistan sont perpétrés par les services de renseignements pakistanais», a-t-il poursuivi.

«Nous ne cesserons de le répéter jusqu'à ce que nous les chassions hors de notre pays», a-t-il conclu.

Hamid Karzaï faisait référence à plusieurs récentes attaques, notamment un attentat suicide qui a tué 24 personnes dans la province d'Orouzgan (sud), l'assassinat revendiqué par les talibans de deux femmes accusées de travailler pour la police dans la province de Ghazni (centre) et un attentat suicide visant l'ambassade d'Inde qui a tué 41 personnes à Kaboul le 7 juillet.

Neuf soldats américains ont aussi été tués dimanche au cours de la journée la plus meurtrière de l'année pour les forces internationales, en résistant à l'assaut de centaines d'insurgés, dont de nombreux Pakistanais selon les autorités afghanes, dans la province de Kunar, à la frontière avec le Pakistan.

Les relations entre l'Afghanistan et le Pakistan, deux pays voisins, sont tendues depuis des années, les autorités afghanes accusant Islamabad de ne pas faire suffisamment d'efforts pour empêcher des talibans afghans et des combattants d'Al-Qaeda de pénétrer en Afghanistan.

Le 15 juin, Hamid Karzaï avait adressé une sévère mise en garde au Pakistan, revendiquant le droit «au nom de la légitime défense», d'aller y «détruire les repaires de terroristes» et se posant en défenseur de la communauté pachtoune présente des deux côtés de la frontière.

Les zones tribales pakistanaises abritent plusieurs groupes fondamentalistes armés, dont certains ont engagés des négociations avec le nouveau gouvernement en place à Islamabad. Mais dans le même temps, ils ont promis de poursuivre le Jihad (la guerre sainte) en Afghanistan, ce qui exaspère Kaboul.

Le Pakistan, de son côté, estime que Kaboul et les forces internationales, incapables de vaincre les talibans en Afghanistan, sont à l'origine de leur repli en territoire pakistanais et des violences qui ensanglantent le Pakistan.

Les relations entre le Pakistan et les États-Unis se sont également récemment tendues, à propos de l'Afghanistan, après des frappes aériennes américaines visant des insurgés en territoire pakistanais, qui ont tué onze de ses soldats, selon Islamabad.

Les talibans s'étaient progressivement emparés du pouvoir en Afghanistan dans les années 1990, avec l'aide des services de renseignements pakistanais.

Ils mènent une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été renversés fin 2001 par une coalition menée par les États-Unis.

Les violences ont redoublé d'intensité depuis près de deux ans malgré la présence de 70 000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'OTAN, l'autre sous commandement américain (Operation Enduring Freedom).