Israël examinait jeudi la possibilité de détruire la maison d'un Palestinien de Jérusalem-est auteur d'un attentat la veille au centre-ville qui a tué trois Israéliens avant d'être abattu.

Le principe d'une généralisation d'une telle sanction était discuté par le procureur général de l'État et les responsables politiques et militaires concernés, à la suite d'une requête du gouvernement dans la foulée de l'attentat.

«Il faut stopper les attaques terroristes perpétrées par les Arabes de Jérusalem-est. Si nous devons pour cela avoir recours à des moyens dissuasifs ou détruire des maisons, nous le ferons», a affirmé le Premier ministre Ehud Olmert, cité jeudi par le site internet du quotidien Yédiot Aharonot.

En 2005, le général Moshé Yaalon, un ex-chef d'état-major, avait ordonné la fin de cette pratique, une commission d'enquête militaire ayant conclu qu'au lieu d'être dissuasive, elle poussait les Palestiniens à perpétrer des attentats.

«Suite à une requête du gouvernement, le procureur général de l'Etat, Menahem Mazouz, examinait jeudi les problèmes légaux que poseraient les destructions de maisons à Jérusalem-est» conquis et annexé par Israël en 1967, a indiqué à l'AFP le porte-parole du ministère de la Justice Moshé Cohen.

Il a précisé que des recommandations seraient ensuite présentées au gouvernement.

Selon la radio publique, M. Olmert s'est entretenu avec le ministre de la Défense Ehud Barak et la chef de la diplomatie Tzipi Livni, après l'attentat de mercredi dans le centre-ville de Jérusalem.

Son auteur, Hossam Dwayyat, 30 ans et père de deux enfants, habitait à Sour Baher, un village situé à Jérusalem-est. Selon le commandant en chef de la police israélienne Doudi Cohen, il avait un casier judiciaire et a probablement agi «de façon isolée», car il n'était lié à aucune organisation palestinienne armée.

Interrogé à la radio publique, Benjamin Netanyahu, chef du Likoud (droite), a appelé à «user d'une poigne de fer pour punir et réprimer la violence et l'incitation à la violence des terroristes venus de Jérusalem-est (...) y compris à l'aide de mesures législatives dissuasives».

Les formations de l'opposition de droite tentent de promouvoir six textes de lois prévoyant de priver les familles de terroristes de leur citoyenneté israélienne et de leurs droits afférents.

Le ministre pour les Affaires sociales, Yitzhak Herzog, a d'ores et déjà supprimé les allocations octroyées à la famille de Dwayyat, a indiqué à l'AFP un de ses collaborateurs.

Quelque 250 000 Palestiniens vivent à Jérusalem-est et disposent de pièces d'identité israéliennes qui leur octroient diverses facilités (liberté de circuler en Israël, allocations familiales, caisse maladie).

«Ils sont habilités à participer aux élections municipales, mais seul 4 à 5% d'entre eux profitent de ce privilège», selon Hillel Cohen, expert du Centre d'études de Jérusalem.

Le 6 mars, un autre Palestinien de Jérusalem-est disposant de cette carte d'identité a ouvert le feu contre un institut d'études talmudiques de la Ville sainte, tuant à bout portant huit de ses élèves.

M. Barak avait alors fait savoir qu'il était «partisan de la démolition de la maison de l'auteur de l'attaque», sans toutefois insister pour que des mesures en ce sens soient effectivement prises.

Le numéro deux du cabinet, Haïm Ramon, a déclaré aux journalistes qu'«il serait juste que la maison du terroriste à la pelleteuse soit détruite, mais cela n'empêchera pas l'attentat suivant».

Pour Meir Margalit, porte-parole du Comité contre les destructions de maisons, cette mesure héritée des lois d'urgence du mandat britannique sur la Palestine constitue «une punition collective».