Benoît XVI a quitté l'Australie à l'issue de Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) suivies par plus 200 000 pélerins et marquées par des excuses historiques du pape pour les abus sexuels commis par des prêtres.

Au lendemain de la clôture des JMJ ponctuée d'une messe géante, le pape a pris le temps lundi matin de rencontrer quatre victimes de violences sexuelles perpétrées par des hommes d'église, afin de les écouter et de leur faire part de sa compassion, a annoncé le porte-parole du Saint Père Frederico Lombardi.

«En égard aux abus des membres du clergé, le Saint Père Benoît XVI a célèbré lundi matin une messe en présence de représentants des victimes d'abus sexuels», a précisé Frederico Lombardi.

Le Pape «les a assurés de sa proximité spirituelle et leur a proposé de continuer à prier pour eux, pour leurs familles et pour toutes les victimes», a poursuivi M. Lombardi, assurant qu'avec «ce geste paternel, le Saint Père voulait montrer encore un fois sa sollicitude envers tous ceux qui ont souffert d'abus sexuels».

La rencontre entre le Pape et les quatre victimes, deux femmes et deux hommes, s'est déroulée dans une chapelle attenante à la cathédrale Sainte Marie de Sydney.

Anthony Foster, le père de deux jeunes filles victimes d'un prêtre de Melbourne,

venus à Sydney pour exiger une rencontre avec le pape, a cependant jugé que les victimes présentées lundi au pape et «choisies par l'Eglise» n'étaient «pas représentatives».

«Tant que nous ne savons pas de qui il s'agit, nous estimons qu'elles ne sont pas représentatives», a jugé M. Foster, le père des deux jeunes filles, dont l'une s'est suicidée à la suite de l'agression qu'elle a subie.

En refusant de rencontrer M. Foster, l'Eglise catholique a manqué une chance d'envoyer un message fort, a estimé de son côté Chris McIsaac, porte-parole de Broken Rites, association de défense des victimes.

«Il semble que l'Eglise ne ressente pas du tout la douleur des victimes», a estimé Mme McIsacc, elle-même victime.

Samedi, le pape avait présenté des excuses historiques pour les abus sexuels des prêtres qui avaient considérablement entaché la réputation de l'église catholique ces dernières années.

Evoquant sa «honte» et celle de toute l'Eglise, Benoît XVI s'était dit «profondément désolé pour la souffrance que les victimes ont endurée».

A la suite de ses excuses sans précédent, les observateurs du Vatican atttendaient impatiemment les signes d'un nouveau geste du Saint Père tel qu'une rencontre avec les personnes concernées.

Selon Frederico Lombardi, le Pape a attendu le dernier jours de sa visite pour rencontrer les victimes afin de ne pas «interférer» avec les célébrations des JMJ.

Plusieurs victimes australiennes d'abus sexuels avaient qualifié les premières excuses directes et entières du Pape, de réthorique manquant d'action estimant qu'il aurait dû s'excuser en face des victimes et non devant d'autres prêtres.

Les JMJ, entamées mardi par 125.00 pélerins venus du monde entier, s'étaient conclues dimanche soir par une messe suivie par une foule de plus de 300.000 fidèles au cours de laquelle Benoît XVI a annoncé que le prochain rendez-vous planétaire des jeunes catholiques se tiendrait en 2011 à Madrid.

Six ans après la précédente édition de Cologne (Allemagne) en 2005, les JMJ reviendront donc en Europe, en Espagne, pays de tradition catholique marqué, comme l'Australie pluraliste, par une forte sécularisation.

«Je vous dis adieu, le coeur plein de gratitude, que Dieu bénisse le peuple d'Australie», a lancé Benoît XVI, en présence du Premier ministre australien Kevin Rudd, avant de s'envoler pour Rome.