Le président George W. Bush et le premier ministre Nouri al-Maliki se sont entendus pour déterminer, non pas une date ferme, mais un «horizon» au-delà duquel les troupes de combat américaines auraient quitté l'Irak, a annoncé la Maison-Blanche vendredi.

Cela ressemble à une fin de non-recevoir à tous ceux qui, aux États-Unis ou en Irak, réclament une date fixe ou un calendrier de retrait, voire un départ immédiat et pour les nombreux Irakiens qui dénoncent la présence américaine comme une «occupation».

Cela peut aussi passer pour un compromis de la part d'un président qui a toujours rejeté des échéances de départ.

Lors d'une de leurs vidéoconférences jeudi, MM. Bush et Maliki se sont accordés sur l'idée d'un «horizon temporel général pour atteindre des objectifs auxquels aspirer», tels que «la poursuite de la réduction des forces de combat américaines d'Irak», a annoncé un communiqué de la Maison-Blanche.

Ils «sont convenus que les objectifs doivent être fondés sur la poursuite de l'amélioration des conditions sur le terrain et non pas sur une date arbitraire de retrait», dit ce communiqué publié à Tucson (Arizona), où se trouvait M. Bush.

D'une manière plus large, ils se sont entendus sur la «voie à suivre pour conclure le plus rapidement possible» les négociations en vue d'un partenariat à long terme entre les deux pays, non seulement militaire, mais économique et politique.

Les deux gouvernements sont en train de négocier ce partenariat et son aspect le plus important: les conditions de la présence militaire américaine au-delà du 31 décembre, après l'expiration du mandat de l'ONU sous lequel opèrent les soldats américains.

Mais l'annonce de la Maison-Blanche survient aussi à un moment crucial parce que la campagne présidentielle bat son plein. L'Irak suscite l'un des contrastes les plus forts entre le républicain John McCain, d'accord avec M. Bush, et le démocrate Barack Obama.

M. Obama a promis de retirer toutes les troupes de combat dans les 16 mois s'il est élu. Sa visite annoncée prochaine en Irak retiendra encore plus l'attention.

Enfin, M. Bush, qui n'a plus que six mois à la Maison-Blanche, doit décider bientôt s'il continue à réduire les effectifs en Irak. Les États-Unis viennent de faire rentrer les renforts envoyés en 2007 pour empêcher le pays de sombrer dans le chaos.

Le communiqué de la Maison-Blanche souligne les progrès accomplis depuis 2007 dans tous les domaines.

La guerre continue cependant d'être impopulaire aux États-Unis.

Mais M. Bush résiste depuis des mois aux tentatives de ses adversaires de lui imposer un calendrier de retrait.

L'accord de M. Maliki à l'idée d'un «horizon temporel» peut ainsi passer pour un succès de M. Bush, d'autant plus que le communiqué de la Maison-Blanche parle de diminution des effectifs, et non pas de retrait. Il ne parle aussi que des troupes de combat, ce qui n'exclut pas le maintien de forces d'entraînement ou d'unités de soutien aérien ou logistique.

Certains dirigeants irakiens étaient allés récemment jusqu'à réclamer une date fixe de retrait avant d'atténuer leur propos.

Cependant, selon la version donnée par le gouvernement irakien de la vidéoconférence de jeudi, il a bien été question de «date butoir pour le transfert complet de la responsabilité de la sécurité entre les mains des forces irakiennes afin de diminuer le nombre de soldats américains en Irak et de procéder ensuite à leur retrait».

Par ailleurs, la Maison-Blanche n'évoque pas l'objectif, d'abord fixé, de conclure avant fin juillet les négociations sur la présence militaire américaine. Elle ne parle pas non plus de «l'accord sur le statut des forces» auquel elle voudrait parvenir, comme avec des dizaines d'autres pays.

Pour M. Maliki se pose la question des conséquences d'un tel accord. La souveraineté s'annonce comme l'un des grands thèmes des élections provinciales de l'automne.