Quelque 60 000 personnes ne peuvent toujours pas rentrer chez elles plus de deux mois après avoir fui les violences dans la ville pétrolifère d'Abyei, dans le sud du Soudan, selon une estimation de l'association Human Rights Watch (HRW) obtenue mercredi à l'ONU.

La plupart des personnes vivent dans des abris de fortune au sud d'Abyei et disent avoir peur de retourner chez elles tant que ceux qui sont à l'origine des violences, les troupes gouvernementales, ne seront pas partis, selon un rapport de l'association.

«Ces personnes déplacées nous ont dit à plusieurs reprises ne pas pouvoir rentrer chez elles tant qu'Abyei n'était pas sécurisée», a expliqué Georgette Gagnon, directrice de l'association HRW pour l'Afrique, en indiquant qu'elles attendaient le «retrait complet» des forces gouvernementales.

Le 13 mai, les troupes gouvernementales sont entrées en conflit avec les ex-rebelles sudistes de l'Armée de libération du peuple du Soudan (SPLA) et ont pillé et brûlé la ville, détruisant la moitié des maisons, selon le rapport de l'HRW daté du mois de mai.

Un accord conclu le 8 juin entre le gouvernement du Soudan et les ex-rebelles sudistes, qui se disputent la région, prévoyait le déploiement d'unités intégrées mixtes pour rétablir le calme dans cette zone où les combats en mai ont fait au moins 89 morts.

Les combats avaient été considérés comme la plus grave menace sur l'Accord de paix global (CPA) signé en 2005 entre Khartoum et les rebelles, mettant un terme à une guerre civile de 21 ans qui avait fait plus de 1,5 million de morts. Aux termes du CPA, le sort de la région frontalière d'Abyei, doit être fixé par un référendum en 2011.

«Un regain de violence à Abyei pourrait avoir des conséquences très importantes pour tout le Soudan», a estimé Mme Gagnon. «Khartoum et le gouvernement du Sud-Soudan doivent appliquer la Feuille de route dans son ensemble et en respectant les délais, et les Nations unies et les gouvernements doivent faire pression en ce sens».