Une vidéo choquante
Contrairement aux témoins qui l’ont précédée, Hope Hicks a fait partie de l’équipe de campagne de Donald Trump en 2016, et ce, à titre d’attachée de presse. Son témoignage était d’autant plus attendu que cette femme de 35 ans respecte encore l’ancien président. Il a servi la cause de la poursuite en établissant que la diffusion de la vidéo d’Access Hollywood, le 7 octobre 2016, avait créé un choc dans le camp Trump. Dans cette vidéo, le candidat présidentiel se vantait de pouvoir empoigner le sexe des femmes. « Nous étions tous d’accord pour dire que l’enregistrement était préjudiciable et qu’il s’agissait d’une crise », a-t-elle dit. Elle s’est également souvenue que Donald Trump lui avait confié en 2018 que Michael Cohen avait versé 130 000 $ à l’actrice porno Stormy Daniels pour le protéger contre de « fausses allégations ». Selon son témoignage, Donald Trump pensait « qu’il aurait été mauvais que cette histoire sorte avant l’élection ».
Un « fixer » embêtant
Mais le témoignage de Hope Hicks a également fourni des munitions aux avocats de la défense. Il a notamment contribué à noircir encore davantage le portrait de Michael Cohen, l’ancien avocat personnel de Donald Trump. Hope Hicks a déclaré que Michael Cohen avait l’habitude de prendre des décisions non autorisées qui nuisaient à la campagne présidentielle de Donald Trump. « Il aimait se définir comme un “fixer”, ou “‘Mr. Fix It”, et ce n’est que parce qu’il cassait d’abord les choses qu’il pouvait ensuite les réparer », a-t-elle dit. Elle a par ailleurs exprimé son scepticisme en racontant que Donald Trump lui avait dit que Michael Cohen s’était chargé du paiement à Stormy Daniels « par bonté d’âme ». « Je ne savais pas que Michael était une personne particulièrement charitable ou désintéressée », a-t-elle dit. Nerveuse au début de son témoignage, elle a craqué à la fin, versant quelques larmes.
Une thèse renforcée
Keith Davidson a également été un témoin à double tranchant pour la poursuite, mardi et jeudi. Il a décrit en détail son rôle dans la négociation des ententes qui ont garanti le silence de l’ex-playmate du magazine Playboy Karen McDougal et de Stormy Daniels, qui affirmaient avoir eu des relations intimes avec Donald Trump. Son témoignage a renforcé la thèse de la poursuite selon laquelle ces ententes ont contribué à l’élection de Donald Trump. Jeudi, en faisait allusion à des textos échangés avec le rédacteur en chef du National Enquirer, dont le patron, David Pecker, avait versé 150 000 $ à Karen McDougal, il a déclaré : « Il était entendu que nos efforts – rayez cela – que nos activités pouvaient avoir aidé la campagne présidentielle de Donald Trump. » Keith Davidson a également évoqué une conversation téléphonique avec Michael Cohen où ce dernier a affirmé que Donald Trump lui avait dit regretter d’avoir donné le feu vert au versement de 130 000 $ à Stormy Daniels.
Des avocats sulfureux
Pendant toute la durée de son témoignage, Keith Davidson a ajouté des détails accablants sur le caractère de Michael Cohen, comme l’avait déjà fait le premier témoin du procès, David Pecker. À l’entendre, l’ancien avocat personnel de Donald Trump, qui s’est chargé du paiement à Stormy Daniels, est un gueulard vulgaire qui a des idées de grandeur. Il a notamment raconté que Michael Cohen était furibond en lui apprenant que Donald Trump ne lui avait pas confié un poste important à Washington, soit chef de cabinet de la Maison-Blanche ou procureur général des États-Unis. « Je pensais qu’il allait se tuer », a déclaré Keith Davidson. Ce dernier n’a guère fait meilleure figure lorsqu’il a été interrogé par Emil Bove, un des avocats de Donald Trump. Il est ressorti de cet interrogatoire hostile que Keith Davidson peut lui-même passer pour un extorqueur en série pour lequel Donald Trump n’était qu’une cible plus juteuse que les autres.
Un enregistrement important
La poursuite n’a pas encore réussi à prouver que Donald Trump a demandé à Michael Cohen de verser 130 000 $ à Stormy Daniels. L’ancien président est accusé d’avoir falsifié des documents commerciaux pour camoufler ce versement. Mais la poursuite a introduit jeudi un enregistrement téléphonique important entre Michael Cohen et Donald Trump. L’appel remonte au 6 septembre 2016 et porte sur le paiement de 150 000 $ effectué par David Pecker, le PDG du National Enquirer, à Karen McDougal. Au début, Cohen évoque la nécessité de créer une société pour rembourser David Pecker. « Paie en liquide », lui dit Trump à un moment donné. Et Cohen de répliquer : « Non, non, non, non, non, je m’en occupe. » La conversation vise à démontrer que Donald Trump était au moins au courant du paiement à McDougal avant l’élection présidentielle. Mais qu’en est-il du paiement à Stormy Daniels ? Il incombera en grande partie à Michael Cohen, dont la crédibilité a été malmenée toute la semaine, de répondre à cette question.