(New York) Les Bourses européennes se sont repliées lundi, inquiètes des conséquences de l’offensive surprise du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël, tandis que Wall Street est parvenue à finir dans le vert.

En Europe, Paris a reculé de 0,55 %, Francfort a cédé 0,67 %, Milan a perdu 0,46 % et Londres a fini quasiment stable à -0,03 %, aidée par un bond de ses valeurs pétrolières.  

En Israël, l’indice principal TA-35 de la Bourse de Tel-Aviv a rebondi de 0,95 %, après avoir chuté dimanche de 6,47 %, sa plus mauvaise séance depuis mars 2020.

À New York, le Dow Jones a gagné 0,59 %, l’indice NASDAQ 0,39 % et l’indice élargi S&P 500 0,63 %.

L’attaque du Hamas et la riposte d’Israël ont fait près de 1500 morts depuis samedi, selon des bilans officiels.

« L’attaque-surprise du Hamas a alimenté les craintes d’un regain d’instabilité au Moyen-Orient, qui pourrait à son tour perturber les flux de pétrole à un moment où le marché est déjà extrêmement tendu et où les prix sont élevés », a commenté Craig Erlam, analyste d’Oanda.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a bondi de 4,22 %, pour clôturer à 88,15 dollars, et son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), avec échéance en novembre, a lui pris 4,33 %, à 86,38 dollars.

Mais pour Eli Rubin, d’EBW Analytics Group, « l’ampleur des gains observés [lundi sur le marché du pétrole] s’explique par le fait que le marché était “survendu” la semaine dernière », ce qui signifie qu’il avait beaucoup baissé sur une période resserrée.

« La réaction des marchés est vraiment mesurée », nuance Nicolas Budin, responsable de la gestion actions en Europe de Myria AM.

« Beaucoup de gens s’attendaient à ce que les choses se déroulent plus mal que ça », a commenté Patrick O’Hare, de Briefing.com.

Constatant que la place new-yorkaise se tenait mieux que prévu, de nombreux opérateurs qui avaient parié sur une chute ont alors cherché à se couvrir, en se mettant à l’achat, selon l’analyste.

Malgré cette séance positive, Wall Street reste fragile. « Nous avons un risque géopolitique majeur devant nous et personne ne sait comment les choses vont évoluer dans les jours et les semaines à venir », prévient l’analyste.

Du côté des devises, le dollar, valeur refuge, gagnait 0,17 % par rapport à l’euro, à 1,0567 dollar pour un euro. Le shekel, la monnaie israélienne, reculait de 2,71 % face au dollar, à 3,95 shekels pour un dollar.

Sur le marché obligataire, les taux d’intérêt des dettes souveraines européennes reculaient. Celui de l’emprunt de l’État allemand à 10 ans ressortait à 2,75 % contre 2,88 % à la clôture de vendredi. Le marché obligataire américain était pour sa part fermé.

L’écart entre le taux à 10 ans allemand et l’équivalent italien a terminé à 2,06 points de pourcentage lundi, au plus haut depuis janvier, après une pointe à 2,11 peu après l’ouverture, sur fond de crainte des investisseurs sur la soutenabilité de la dette italienne et la révision à la hausse des déficits publics par Rome.

Le bitcoin reculait de 1,31 % à 27 581 dollars, les cryptomonnaies étant sensibles « au contexte géopolitique », selon les analystes de Riches Flores Research.

Pétrole et défense en hausse

Les valeurs du secteur de la défense et les pétrolières étaient recherchées lundi, dans le sillage de la guerre entre Israël et le Hamas.

À Paris, Thales a gagné 4,69 % et Dassault Aviation 4,38 %. Leonardo a pris 4,79 % à Milan, le constructeur allemand de chars et véhicules blindés Rheinmetall a progressé de 7,14 % à Francfort et BAE Systems a gagné 4,53 % à Londres. À New York, Lockheed Martin grimpait de 7,95 %.

Du côté des valeurs pétrolières, Shell a pris 2,61 % et BP 2,91 % à Londres. TotalEnergies a avancé de 1,74 % à Paris, Eni de 2,27 % à Milan. À New York, ExxonMobil est monté de 3,50 % et Chevron de 2,77 %.

Le tourisme souffre

Les groupes liés à l’industrie du tourisme ont souffert du conflit, en premier lieu les compagnies aériennes, qui ont suspendu, ce week-end, leurs liaisons vers Israël. American Airlines (-4,08 %), United Airlines (-4,88 %) et Delta Air Lines (-4,65 %) reculaient à New York.

À Paris, Air France-KLM a perdu 8,48 %, Lufhtansa 4,28 % à Francfort, IAG 6,14 % à Londres.  

Par extension, le croisiériste Carnival (-4,30 %), le voyagiste TUI (-5,92 %) ou l’hôtelier Accor (-2,87 %) ont aussi été à la peine.