(New York) La Bourse de New York a terminé jeudi sans direction, le NASDAQ signant néanmoins de peu une cinquième séance consécutive de hausse, en attendant la parution vendredi du rapport sur l’emploi américain pour août.

L’indice Dow Jones a perdu 0,48 % à 34 721,91 points et le S&P 500 a cédé 0,16 % à 4597,66 points tandis que le NASDAQ a grappillé 0,11 % à 14 034,97 points.

Au cours d’une séance aux échanges parsemés à l’approche du long week-end de Labor Day, le marché a digéré un nouvel indicateur d’inflation, estompé par l’attente d’un rapport crucial vendredi, celui des créations d’emplois pour le mois d’août.  

« On a eu une belle remontée du marché la dernière semaine, maintenant le marché fait une pause pour digérer cette hausse ce qui est parfaitement normal et sain avant les chiffres importants du rapport sur l’emploi », a indiqué à l’AFP Adam Sarhan de 50 Park Investments.

Les analystes s’attendent à un ralentissement des nouvelles embauches à 173 000 avec un taux de chômage en légère hausse à 3,6 %.

Les gains boursiers des dernières séances ont permis de réduire les pertes d’un mois difficile pour les indices qui terminent toutefois sur une baisse mensuelle de plus 1 %.

Jeudi, le département du Commerce a publié l’état des dépenses et revenus des ménages pour juillet qui montre une hausse des dépenses (+0,8 %), plus solides qu’attendu.  

L’indice d’inflation PCE basé sur ces dépenses de consommation est ressorti comme attendu à +0,2 % sur le mois. Sur un an, la hausse des prix a toutefois accéléré à 3,3 % contre 3 % en juin, selon ce baromètre préféré par la Réserve fédérale (Fed) pour jauger l’évolution des prix.

Pour Ben Ayers, économiste à Nationwide, la hausse des prix des services notamment « remet en cause l’idée selon laquelle le ralentissement est à l’œuvre et risque d’inquiéter les responsables de la Fed à l’approche de la réunion du comité monétaire de la banque centrale en septembre ».

Craig Erlam d’Oanda, lui, estime que les données sur l’inflation « étaient en ligne avec les attentes et suffisamment bonnes pour permettre à la Fed de faire une pause le mois prochain » dans les hausses de taux. « C’est correct pour l’instant, mais il faut encore beaucoup d’amélioration d’ici les prochains mois », a ajouté l’analyste.

Parmi les autres indicateurs du jour, l’indice PMI d’activité de la région industrielle de Chicago s’est amélioré en août (48,7 points contre 42,8 le mois d’avant), mais est resté en récession.

Les demandes hebdomadaires d’allocations chômage ont diminué de 4000 à 228 000.

Sur le marché obligataire, les taux à dix ans sur les bons du Trésor ont reculé à 4,09 % contre 4,11 % la veille. Le dollar s’est néanmoins raffermi.

Du côté des valeurs, Salesforce, le géant des logiciels de relations clients, a affiché un bénéfice et chiffre d’affaires plus forts qu’attendu et a relevé ses prévisions de ventes sur l’année à 34,8 milliards de dollars, porté notamment par le développement de l’intelligence artificielle. L’action a grimpé de 2,99 % à 221,46 dollars.

Le titre Shopify a été très recherché (+10,80 % à 66,49 dollars), après que le groupe de services dédiés au commerce électronique a conclu un accord avec Amazon pour utiliser son réseau de logistique.

L’action de la chaîne d’articles à bas prix Dollar General s’est effondrée de 12,16 % à 138,49 dollars après que, comme de nombreux détaillants, le groupe a réduit ses perspectives de ventes et de bénéfices pour l’année, citant à nouveau un consommateur plus prudent et une recrudescence de vols. Son concurrent Dollar Tree a perdu 1,71 %.

La plateforme d’échanges de cryptomonnaies Coinbase a lâché 5,05 % dans le sillage d’une baisse du bitcoin (-3,98 % à 16 h 20 heure de l’Est) et après ses forts gains depuis mardi après une décision de justice qui devrait autoriser, au grand dam du gendarme de la bourse, la SEC, la cotation de produits d’investissements (ETF) basés sur le bitcoin.

La Bourse de Toronto clôture en baisse

La vigueur du secteur des technologies de l’information, essentiellement attribuable au titre de Shopify, n’a pas suffi pour empêcher l’indice de référence de la Bourse de Toronto de clôturer en baisse jeudi, pendant que les grands indices boursiers américains terminaient la séance dans un ordre dispersé.

Les marchés ont connu une « activité assez modeste » jeudi, a observé Brian Madden, directeur des investissements chez First Avenue Investment Counsel.

« Cela contraste avec la forte hausse des trois premiers jours de cette semaine, et avec la forte liquidation du mois d’août en général », a-t-il estimé.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a perdu 37,70 points, soit 0,19 %, à 20 292,62 points. L’action de Shopify a bondi de près de 11 % après que la société de commerce électronique a annoncé que ses clients pourraient désormais intégrer à leurs services un accès au réseau de traitement de commandes du géant américain Amazon.com.

Au Canada, les marchés sont tiraillés entre des forces qui s’opposent, a expliqué M. Madden. Les bénéfices de la CIBC, la dernière grande banque canadienne à publier ses résultats ce trimestre, étaient inférieurs aux attentes. Cette banque en particulier a constaté une « faiblesse remarquable » dans son action, a-t-il noté, qui a reculé de plus de 3 %.

Dans l’ensemble, les secteurs les plus cycliques du marché, notamment l’immobilier, la finance et l’industrie, ont entraîné le parquet torontois à la baisse, a poursuivi M. Madden.

Mais à l’autre bout du spectre, le titre de Shopify bondissait jeudi après l’annonce de son accord avec Amazon, a-t-il noté.

Cette semaine est importante en ce qui a trait aux données économiques, en particulier aux États-Unis, et les marchés ont enregistré de bonnes séances dans la foulée de la publication d’une série de rapports qui ont renforcé la confiance dans le refroidissement de l’économie sous le poids des hausses de taux d’intérêt.

Jeudi, le gouvernement a annoncé qu’une mesure de l’inflation étroitement suivie par la banque centrale américaine était restée faible le mois dernier.

Le rapport sur le marché du travail, attendu vendredi, devrait montrer une faiblesse, a indiqué M. Madden, tout comme l’enquête sur le secteur manufacturier de l’institut des gestionnaires en approvisionnement. Au Canada, les économistes prendront connaissance vendredi des plus récentes données sur le produit intérieur brut.

La séance de jeudi vient en outre clore un mois volatil, principalement marqué par une faiblesse généralisée, malgré la récente reprise, a observé M. Madden.

La Banque du Canada et la Réserve fédérale présenteront toutes deux, en septembre, une nouvelle décision en matière de taux d’intérêt, et elles devraient maintenir leurs taux directeurs, a-t-il estimé.