(Londres) Le gaz naturel européen flambait mardi, frôlant les 45 euros, poussés par les inquiétudes grandissantes qu’une grève en Australie ne perturbe l’offre de gaz naturel liquéfié du pays, avant des négociations de dernière minute pour tenter de l’éviter.

Vers 11 h, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, grimpait de 5 % à 42,88 euros le megawattheure (MWh) peu après être monté jusqu’à 44,80 euros le MWh, un plus haut depuis mi-juin.

« Les travailleurs du GNL (gaz naturel liquéfié, NDLR) dans une installation clé en Australie pourraient se mettre en grève à partir de début septembre si un accord salarial n’est pas conclu », rappelle Jim Reid, analyste chez Deutsche Bank.

Les membres du syndicat du projet North West Shelf de Woodside ont voté à l’unanimité ce week-end en faveur d’une grève si leurs revendications ne sont pas satisfaites lors d’une dernière réunion de négociation prévue mercredi, rapporte le journal Sydney Morning Herald.

« Il est temps que la main-d’œuvre de Woodside reçoive sa juste part des bénéfices qu’elle génère pour les actionnaires », a déclaré mardi le syndicat Offshore Alliance dans une publication sur sa page Facebook, affirmant que ses membres étaient « prêts à agir ».

Les installations gazières australiennes concernées par la potentielle grève fournissent à elles seules plus de 10 % de l’approvisionnement mondial de GNL chaque mois.

En plus de plateformes du géant australien Woodside, certaines de Chevron pourraient aussi être concernées. « Collectivement, ces installations représentent une impressionnante part de 53 % de la capacité d’exportation de GNL de l’Australie », précise Ole R. Hvalbye, analyste chez Seb.

« Depuis le début de l’année, l’Australie est le deuxième exportateur de GNL avec 49 millions de tonnes », poursuit-il.

Cette forte hausse des prix du gaz naturel en Europe est « irrationnelle » et constitue un « signe clair de la fragilité du marché », a asséné Meg O’Neill, la directrice générale de Woodside, selon le Financial Times.

Les inquiétudes concernant d’éventuelles grèves ont en effet bousculé les cours du TTF depuis deux semaines, car « même si l’Europe ne reçoit pas de GNL venant d’Australie, cela augmentera la concurrence pour les expéditions en provenance » d’autres pays exportateurs, explique M. Reid.  

Les acheteurs asiatiques en mal de gaz naturel liquéfié pourraient donc être poussés à surenchérir sur leurs homologues européens et se tourner vers les États-Unis pour compenser le manque de l’offre australienne, dopant la demande.

« L’Europe est cependant toujours dans une bien meilleure position que l’année dernière » en ce qui concerne ses stocks, affirme-t-il, les réserves de gaz de l’UE étant remplies à 90 % contre « 77 % au même moment en 2022 ».

Le pétrole évoluait quant à lui en petite baisse mardi en raison des craintes quant à la demande chinoise, toutefois atténuées par les réductions de production de l’OPEP+.

Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en octobre, perdait 0,37 % à 84,15 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en septembre, dont c’est le dernier jour de cotation, fléchissait de 0,22 % à 80,54 dollars.

« Les inquiétudes concernant l’économie chinoise et ses effets sur la demande mondiale continuent de peser sur le marché, mais la production réduite de la Russie et de l’Arabie saoudite parvient à compenser cela pour le moment », expliquent les analystes d’Energi Danmark.