(New York) La Bourse de New York a conclu dans le rouge vendredi, signant une perte hebdomadaire pour la première fois depuis cinq semaines pour le S&P 500 et depuis huit semaines pour le NASDAQ.

Refroidi par l’attitude stricte des banques centrales face à l’inflation, l’indice Dow Jones, en repli toute la semaine, a cédé 0,65 % vendredi à 33 727,43 points. Le NASDAQ, à dominante technologique, a reculé de 1,01 % à 13 492,52 points et le S&P 500 s’est replié de 0,77 % à 4348,33 points.

Sur la semaine, les trois indices ont perdu quelque 2 %.

« C’est le fantôme des hausses de taux d’intérêt et le message strict des banques centrales » qui a déprimé le marché, a résumé Peter Cardillo de Spartan Capital toute en relativisant la baisse des indices.  

« Le ton des banques centrales est l’excuse à la baisse mais le fait est que le marché a fortement progressé ces derniers trois mois, suscitant des prises de profits », a ajouté l’analyste interrogé par l’AFP.

La semaine a été marquée par les déclarations au Congrès de Jerome Powell, président de la banque centrale américaine (Fed), avertissant que d’autres hausses des taux sont attendues cette année pour juguler l’inflation, ce qui a un peu refroidi les investisseurs.

Les inquiétudes sont aussi venues de l’Europe où plusieurs banques centrales ont resserré la vis, notamment la Banque d’Angleterre qui a surpris les marchés en relevant les taux d’un demi-point de pourcentage pour contrer l’inflation la plus tenace des pays du G7 (8,7 % sur un an).

« Il y a eu une inquiétude constante au sujet d’une récession potentielle aux États-Unis qui serait juste au coin de la rue depuis 18 mois. Mais il semble qu’il y ait plus à craindre en Europe », a résumé Art Hogan de B. Riley Wealth Management.  

Plusieurs indices d’activité PMI publiés vendredi ont nettement faibli en juin que ce soit au Royaume-Uni, en France, en zone euro et même au Japon.

Ces données « indiquent que l’Europe tombe dans une récession prononcée qui pourrait se propager à d’autres pays et entraîner une croissance économique négative des États-Unis au cours du dernier trimestre de cette année », a affirmé Jose Torres, économiste pour Interactive Brokers. « Les marchés boursiers ont semblé valoriser ces craintes aujourd’hui, mais avec un risque supplémentaire à la baisse possible », a-t-il ajouté.

Sur le marché obligataire, les craintes de récession faisaient baisser les rendements, sans pour autant profiter aux actions. Ceux sur les bons du Trésor à 10 ans se détendaient à 3,73 % contre 3,79 % la veille.  

L’euro a fléchi par rapport au dollar tandis que le cours du pétrole ont encore baissé, les investisseurs craignant pour la demande.

Du côté des valeurs, Ford a perdu 1,20 %, le Wall Street Journal ayant évoqué une nouvelle vague de licenciements et de réduction massive de coûts chez le constructeur automobile.

Le vendeur de voitures d’occasion Carmax a bondi de 10,07 % à 86,21 dollars, un plus haut en neuf mois, après des résultats meilleurs que prévu au premier trimestre. Le bénéfice et le chiffre d’affaires ont reculé, mais moins qu’attendu.

Les constructeurs de véhicules électriques Tesla et Rivian ont perdu respectivement 3,03 % et 4,38 %.

L’entreprise de tourisme spatial Virgin Galactic a plongé de 18,42 % à 4,34 dollars, les investisseurs s’inquiétant de la volonté de la société californienne de lever encore des fonds en émettant des actions, ce qui va diluer la valeur des actions existantes.

Starbucks a écrémé 2,49 %. Un des syndicats d’employés de la chaîne de cafés prévoit un mouvement de grève la semaine prochaine dans plus de 150 enseignes.

La Bourse de Toronto

La Bourse de Toronto a clôturé en baisse vendredi, alors que le cours du pétrole brut se maintenait sous la barre des 70 $ US le baril et que les pertes des secteurs des métaux de base et des métaux pour batteries pesaient sur le marché.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a perdu 162,67 points pour terminer la séance avec 19 418,23 points.

Allan Small, conseiller principal en placement chez iA Gestion privée de patrimoine, a observé que le ton des marchés avait changé plus tôt ce mois-ci, après que le président de la Réserve fédérale des États-Unis, Jerome Powell, a déclaré que deux autres hausses de taux d’intérêt auraient lieu d’ici la fin de l’année au sud de la frontière.

« Cela a vraiment fait passer les marchés d’une tendance plutôt positive à une tendance évidemment négative, et cela ressemble à la première semaine négative pour plusieurs, en particulier du côté du NASDAQ. Je pense donc que ce que vous voyez, c’est que les marchés commencent à prendre en compte peut-être 50 points de base supplémentaires de hausses des taux d’intérêt », a-t-il affirmé.

« En ce moment, les marchés sont ralentis par cette menace de hausse des taux d’intérêt à venir. »

À son avis, cela n’augure rien de bon pour le TSX en particulier, qui est très exposé aux matières premières.

« La crainte pour le TSX se trouve beaucoup dans l’énergie, dans les matières premières, dans les matériaux », a indiqué M. Small.

« Si les taux d’intérêt continuent d’augmenter, les prédictions ou les appels à un nouveau ralentissement de l’économie pourraient se concrétiser. Nous pourrions continuer à voir un ralentissement et peut-être même une légère récession si les banques centrales continuent de faire ce qu’elles font. Je pense donc que c’est évidemment négatif pour les matières premières. »

M. Small a souligné que le secteur des technologies de l’information est également à surveiller, en particulier dans le contexte de la hausse des taux d’intérêt.

Les actions technologiques ont alimenté la reprise du marché au premier semestre de l’année, a-t-il souligné, mais elles ont chuté ces derniers jours.

« Si vous surprenez le marché, et je pense que c’est ce que la Fed a fait […] en adoptant un ton belliciste et en disant qu’ils voyaient certainement quelques autres hausses de taux d’intérêt à venir d’ici la fin de l’année, c’est un gros point négatif pour la technologie », a estimé M. Small.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié au cours moyen de 75,76 cents US, en baisse par rapport à celui de 75,99 cents US de jeudi.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du pétrole brut a cédé 35 cents US à 69,16 $ US le baril, pendant que celui du gaz naturel effaçait 14 cents US à 2,84 $ US le million de BTU.

Le prix de l’or a grimpé de 5,90 $ US à 1929,60 $ US l’once et celui du cuivre s’est déprécié de 9 cents US à 3,80 $ US la livre.

La Presse Canadienne