(New York) Le dollar a repris un peu de hauteur jeudi face à l’euro après une hausse plus modérée du principal taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE), mais reste pénalisé par le recul des taux obligataires américains.

Vers 15 h 55 (heure de l’Est), le billet vert prenait 0,43 % face à la monnaie unique, à 1,1015 dollar pour un euro.

Pour Joe Manimbo, de Convera, ce gain est essentiellement dû à la décision de la BCE de ne procéder qu’à un relèvement d’un quart de point de pourcentage de son taux directeur, après six hausses consécutives d’au moins un demi-point.

La BCE a noté que le resserrement opéré depuis l’été dernier se répercutait déjà « fortement » sur les conditions de crédit. « C’est le signal que la BCE pourrait être plus proche d’une pause qu’anticipé initialement, ce qui limiterait le carburant nécessaire à un renforcement de l’euro », a estimé Joe Manimbo.

Pour les opérateurs, la probabilité d’une nouvelle hausse de taux d’un quart de point lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, mi-juin, se réduit.

Mais la progression du « greenback », l’un des surnoms du dollar, a été freinée par la détente des taux obligataires américains.

Le rendement des emprunts d’État américains à 2 ans, plus volatil que son équivalent à 10 ans et jugé plus représentatif des anticipations du marché quant à la trajectoire monétaire de la Fed (la banque centrale américaine), ressortait à 3,76 %, contre 3,80 % la veille en clôture.

Ce repli a plus particulièrement coûté au dollar face au yen, très sensible à l’évolution des taux obligataires américains.

Le billet vert cédait 0,39 % face à la devise japonaise, à 134,18 yens pour un dollar.

Bien que le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell ait écarté, mercredi, toute baisse du taux directeur de la Fed à court terme, les investisseurs continuent de tabler majoritairement sur quatre descentes d’un quart de point chacune d’ici la fin de l’année.

« Le marché nous dit que la Fed a fait une erreur, qu’elle a tort », a observé Brad Bechtel, de Jefferies. « Quand on atteint un pic de resserrement monétaire, le marché cherche tout de suite quand » la banque centrale va changer de direction et réduire ses taux, a-t-il ajouté.

« Maintenant que les conditions de crédit se tendent et que l’on veut savoir quelle banque (américaine) n’a pas bien géré le risque de (remontée des) taux », a-t-il poursuivi, ce qui a été le cas de Silicon Valley Bank (SVB), dont la défaillance a donné le coup d’envoi de la crise bancaire, « le marché essaye de pousser la Fed à abaisser ses taux plus tôt qu’elle ne le souhaiterait. »

La journée de jeudi a ainsi été l’occasion d’un nouveau bain de sang pour plusieurs banques régionales américaines à Wall Street.