(New York) L’annonce de coupes de production de la part de plusieurs grands pays exportateurs d’hydrocarbures a fait flamber lundi les prix du pétrole, de quoi freiner un peu les actions qui avaient fortement progressé la semaine passée.  

Le baril de Brent de la mer du Nord, principale référence européenne, pour livraison en mai, a clôturé en hausse de 6,30 %, à 84,93 dollars.

Quant au West Texas Intermediate (WTI), variété américaine la plus suivie, également pour échéance en mai, a gagné 6,27 %, à 80,42 dollars.

Huit grands pays exportateurs, dont l’Arabie saoudite, l’Irak, l’Algérie, les Émirats, Oman et le Koweït, ont annoncé dimanche une réduction dès le mois de mai de leur production, présentée comme une « mesure de précaution » pour stabiliser le marché.

La Russie a aussi annoncé prolonger la réduction de sa production de pétrole brut de 500 000 barils par jour jusqu’à la fin de l’année.  

« On a eu un évènement à risque ce week-end et ce n’était pas les banques cette fois-ci mais l’OPEP », a résumé Karl Haeling de LBBW.

Pour Clémence de Rothiacob, gérante chez Richelieu Gestion, c’était « une surprise car le marché s’attendait à un statu quo, il y avait déjà eu une baisse de la production en octobre de la part de l’OPEP et en février de la part de la Russie ».

L’alliance a pris note lundi de ces « ajustements volontaires » de production, à l’issue d’une réunion technique par visioconférence (JMMC) prévue de longue date. À l’unisson de ses membres, elle a assuré qu’il s’agissait « d’une mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier ».

Mais pour les analystes, il s’agit surtout d’engranger « des revenus » supplémentaires, a commenté dans une note Jorge Leon, de Rystad Energy.  

Les prix risquent en effet d’être soutenus par « un marché en déficit », entre « réouverture économique de la Chine » et « production de pétrole aux États-Unis qui va rester modérée », selon Clémence de Rothiacob.

Le Brent était tombé mi-mars à moins de 73 dollars le baril, son plus bas niveau en deux ans, et peinait à revenir au-dessus des 80 dollars. En avril 2022, il évoluait au-dessus des 100 dollars le baril, dopé par les répercussions de la guerre en Ukraine.

Cette brusque remontée a à peine freiné la dynamique des marchés boursiers, après une semaine faste. Les places européennes ont terminé de façon mitigée : Londres a gagné 0,54 %, Milan 0,24 %, Paris 0,32 % mais Francfort a reculé de 0,31 %.  

À Wall Street, le Dow Jones est monté de 0,98 % et le S&P 500 de 0,37 % tandis que le NASDAQ a cédé 0,27 %.

Un nouveau repli de l’activité de l’industrie manufacturière aux États-Unis en mars est venu confirmer les présomptions d’un ralentissement de l’économie. Ce sentiment a donc édulcoré l’impact de la hausse des prix du pétrole dans l’esprit des investisseurs. Car si bientôt, la demande se tasse en raison de l’affaiblissement de l’activité, le bond des cours du brut pourrait faire long feu.

Sur le marché obligataire, les taux ont baissé en Europe comme aux États-Unis après cette publication : l’emprunt à 10 ans français se négociait à un taux d’intérêt de 2,74 %, le 10 ans allemand à 2,24 % et le 10 ans américain à 3,40 % vers 16 h (heure de l’Est), en baisse d’environ 0,06 point de pourcentage.

Les valeurs liées au pétrole dopées

Les actions des grands fournisseurs de pétrole ont monté avec la flambée des cours : à Londres, BP a pris 4,48 %, Shell 4,44 %, à Paris, TotalEnergies a gagné 5,89 %, à Milan, Eni a grimpé de 4,23 % et à New York ExxonMobil progressait de 5,89 % et ConocoPhillips de 9,29 %.

Tesla au ralenti

L’action Tesla a chuté de 6,12 % à New York malgré une hausse du nombre de ses véhicules livrés au premier trimestre, qui a atteint 422 875 unités, mais certains analystes s’attendaient à plus.

Du côté des devises et des taux

L’euro avançait de 0,60 % face au dollar, à 1,0905 dollar, et la livre de 0,65 % à 1,2417 dollar.

Vers 16 h 45 (heure de l’Est), le bitcoin lâchait 0,96 % à 28 808 dollars.