(New York et Toronto) La Bourse de Toronto a chuté de près de 1,5 % jeudi, victime d’un déclin généralisé, pendant que les grands indices américains ont reculé de façon encore plus marquée au lendemain de l’annonce, par la Réserve fédérale, d’une nouvelle hausse des taux d’intérêt.

Le marché a eu du mal à digérer « une décision belliciste du comité monétaire de la Fed et une série d’indicateurs qui renforce l’argument selon lequel l’économie se dirige vers une récession », a commenté Edward Moya, analyste pour Oanda.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a cédé 291,02 points pour terminer la journée à 19 600,63 points.

À New York, la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a reculé de 764,13 points, soit 2,3 % à 33 202,65 points, tandis que l’indice élargi S&P 500 a perdu 99,57 points, ou 2,5 %, à 3895,75 points. L’indice composé du NASDAQ s’est défait de 360,36 points, ou 3,2 %, à 10 810,53 points.

L’essentiel de la chute de jeudi peut être attribué à une réaction tardive à l’annonce de la hausse des taux de mercredi, et aux messages combatifs du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a observé Michael Currie, conseiller principal en placement chez Gestion de patrimoine TD.

Cependant, il y a d’autres points de données qui s’ajoutent au ralentissement, a-t-il dit, comme la chute des ventes au détail aux États-Unis dans un contexte de vigueur continue du marché du travail. L’Union européenne a également relevé ses taux d’intérêt d’un demi-point de pourcentage jeudi, faisant écho à l’annonce de la Fed.

Le NASDAQ connaît une perte plus importante parce que le secteur de la technologie est plus sensible aux taux d’intérêt, a expliqué M. Currie.

Cela est également confirmé par les chiffres depuis le début de l’année, qui montrent que le NASDAQ cumule une baisse de près de 32 %, tandis que le S&P 500 affiche un recul de près de 19 %.

La Banque centrale américaine a procédé à une nouvelle hausse de taux directeurs mercredi et publié des prévisions plus sombres pour l’économie. La Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre ont fait de même.

Serrer la vis monétaire face à l’inflation

Même si ces hausses de taux de 50 points de base sont de moindre ampleur que les précédentes, les messages des banquiers centraux de la Fed et de la BCE notamment montrent leur détermination à continuer à serrer la vis monétaire face à une inflation qui persiste.

« En plus des hausses de taux, les responsables de la Fed ont signalé un taux final plus élevé en 2023 », au-dessus de 5 %, ce qui a refroidi les investisseurs, a souligné Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.

Dans le même temps, des indicateurs dans la distribution, mais aussi dans la production industrielle et manufacturière aux États-Unis ont montré un net ralentissement qui n’augure rien de bon quant à l’allant de l’activité en général.

« Le marché du travail pourrait ne pas s’effondrer, mais il devient de plus en plus clair que le consommateur s’affaiblit, et que l’activité manufacturière est en récession », a avancé M. Moya.

Les ventes au détail aux États-Unis ont reculé en novembre de 0,6 %, plus qu’anticipé, plombées principalement par les ventes de voitures et le secteur de la construction.

Mais pour Karl Haeling de LBBW, c’est surtout le ton ferme de la BCE qui a surpris les acteurs du marché. Sa présidente Christine Lagarde a aussi signalé des risques à court terme pour la croissance.

« La combinaison d’une BCE préoccupée et des faibles données économiques » aux États-Unis, mais aussi en Chine, « a rendu les marchés inquiets qui jusqu’ici n’avaient pas pris en compte le risque d’un atterrissage difficile avec une récession plus marquée », a indiqué Karl Haeling à l’AFP.

L’analyste a souligné en outre que « le marché est très peu liquide en décembre, ce qui augmente les mouvements du marché ».

Sur le marché obligataire, réagissant à ces craintes de ralentissement global, les rendements sur les bons du Trésor à 10 ans reculaient à 3,45 % contre 3,47 % la veille.