(New York) Les Bourses ont fêté jeudi l’annonce d’un ralentissement plus fort qu’attendu de l’inflation américaine en octobre, une surprise qui a entraîné le dollar à la baisse, impulsé une forte détente sur le marché obligataire et propulsé les indices à Wall Street.

L’indice Dow Jones a grimpé de 3,70 % et le NASDAQ a réalisé le bond inouï de 7,35 %. Le S&P 500 s’est envolé de 5,54 %, pour inscrire sa meilleure séance depuis le début de la pandémie.

Les bonnes nouvelles sur l’inflation ont balayé les incertitudes qui avaient habité les traders la veille, sur le front électoral.

Après une ouverture dans le rouge, les indices européens ont accéléré après l’annonce d’un tassement des prix à la consommation américaine : la Bourse de Francfort a grimpé de 3,51 %, la place parisienne a gagné 1,96 % et celle de Londres 1,08 %.

L’inflation a ralenti aux États-Unis en octobre, à 7,7 % sur un an contre 8,2 % en septembre, son plus bas niveau depuis janvier 2022, signe que les mesures prises par la banque centrale (Fed) pourraient commencer à porter leurs fruits.

« Investisseurs, prévisionnistes, ménages, Fed, presque tout le monde aux États-Unis pense que l’inflation a passé ou est en train de passer son pic », observe Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo BHF.

Un tournant, « après deux ans où il n’a été question que de dérapage des prix […] » et « enfin un chiffre qui peut donner à la Réserve fédérale (Fed) un argument pour ralentir le rythme de ses hausses de taux », poursuit-il.

Pour Peter Cardillo de Spartan Capital Securities, ce bond des indices pouvait signifier « la fin du “bear market” ou marché baissier ».

Mais, selon Bruno Cavalier, la question est de « savoir à quelle vitesse l’inflation américaine peut refluer ». Le président américain Joe Biden a lui-même averti que le retour à un niveau normal prendrait « du temps ».

La Fed a relevé fortement ses taux directeurs depuis mars pour freiner l’envolée des prix. Début novembre, elle a augmenté pour la quatrième fois consécutive son principal taux directeur de trois quarts de point de pourcentage pour le porter à une fourchette comprise entre 3,75 % et 4 %, au plus haut depuis près de 15 ans.  

La poursuite du cycle de resserrement monétaire ne fait pas de doute pour le marché, mais face à l’inflexion de l’inflation américaine, il commence à envisager que la banque centrale américaine puisse lever le pied, et ce, dès sa prochaine réunion à la mi-décembre.

Le dollar se déprécie, l’obligataire fond

Dans cette perspective, les rendements des emprunts d’État fondaient comme neige au soleil : le taux américain à dix ans reculait à 3,82 %, contre 4,0 % à la clôture de mercredi et le Bund allemand, qui fait référence en Europe, s’établissait à 2,01 %, contre 2,16 %.

Le dollar piquait du nez jeudi face à la livre et dans une moindre mesure face à l’euro, après le tournant marqué de l’inflation américaine.

Vers 14 h 50, le billet vert perdait 2,92 % à 1,1690 dollar pour une livre, la devise britannique remontant à son plus haut niveau depuis fin août.

Le dollar s’enfonçait de 3,32 % face à la devise japonaise à 141,77 yens pour un dollar, un plus haut pour le yen depuis le 6 septembre.

Quant à l’euro, il prenait 1,68 % à 1,0179 dollar pour un euro, la devise européenne remontant à un sommet depuis mi-août contre le billet vert.

Du côté des cryptomonnaies, le bitcoin rebondissait de 10,52 % à 17 387 dollars, après avoir débuté la séance à son plus bas depuis novembre 2020 à 15 574 dollars.

La chute de la plateforme d’échanges FTX, qui devait être renflouée par sa rivale Binance avant que celle-ci ne jette l’éponge, a fait perdre au bitcoin près d’un cinquième de sa valeur depuis dimanche.

La tech vigoureuse

Les méga-capitalisations de la tech se sont envolées comme Meta, maison mère de Facebook (+10,25 % à 111,87 dollars), Apple (+8,90 % à 146,87 dollars), ou encore Alphabet, maison mère de Google (+7,75 % à 94,17 dollars).

En Europe, c’était le cas de Zalando (+13 %) et de Delivery Hero (+18 %) à Francfort, tandis que Dassault Systemes et Worldline gagnaient plus de 7 % à Paris.

Le pétrole remonte

Les cours du pétrole sont remontés, rassérénés aussi par la baisse de l’inflation qui peut être synonyme d’une relance de la consommation d’énergie.  

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier 2023 a avancé de 1,10 % à 93,67 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en décembre a progressé de 0,74 % à 86,47 dollars.