(New York) La Bourse de New York a conclu lundi un très fort mois d’octobre, le meilleur depuis 1976, en terminant la séance en baisse dans l’attente de la Fed.

Selon des résultats définitifs, le Dow Jones a cédé 0,39 % à 32 732,95 points, le NASDAQ, à forte coloration technologique, a reculé de 1,03 % à 10 988,15 points et le S&P 500 de 0,75 % à 3871,98 points.

« Le marché était un peu bas aujourd’hui du fait, je pense, de prises de bénéfices avant la réunion monétaire de la Banque centrale (Fed) qui commence mardi », a déclaré à l’AFP Peter Cardillo de Spartan Capital.

L’analyste soulignait toutefois que Wall Street avait affiché « son meilleur mois en 46 ans », après avoir subi une chute sévère en septembre.

En octobre, l’indice Dow Jones aura donc grimpé de quelque 14 % après deux mois consécutifs de pertes. Le NASDAQ a gagné environ 4 % et le S&P 500 8 %. C’est le meilleur mois pour le Dow Jones depuis janvier 1976.

« Je soupçonne qu’avant les deux évènements majeurs de la semaine, le marché va rester dans une fourchette de négociation étroite », prédisait Peter Cardillo, citant d’une part la réunion monétaire de la Fed mardi et mercredi, de l’autre la publication du rapport officiel sur l’emploi vendredi.

Mercredi, les investisseurs vont se focaliser sur la conférence de presse du patron de la Fed Jerome Powell pour savoir s’il distille des indices sur les intentions à venir de la Banque centrale.

Beaucoup croient que la Fed pourrait lever le pied au début de l’année prochaine dans son resserrement de la politique monétaire.

En attendant, une nouvelle et quatrième hausse de 75 points de pourcentage des taux directeurs est hautement anticipée par les marchés.

Cette perspective a encore fait grimper les taux obligataires, ceux à dix ans s’élevant à 4,05 % contre 4,01 % vendredi. Les taux à deux ans, encore plus sensibles aux taux au jour le jour de la Fed, ont franchi 4,48 % contre 4,41 % en fin de semaine.

Mais les chiffres de l’emploi pourraient avoir encore une plus grande influence sur l’humeur des investisseurs vendredi alors qu’on guette les effets des tours de vis monétaires sur le marché du travail.

Les analystes attendent un faible ralentissement des créations d’emplois à 220 000, contre 263 000 en septembre, avec un taux de chômage à 3,6 %, en léger progrès.

Les résultats de sociétés sont restés au second plan alors que la majorité des entreprises du Dow Jones ont annoncé les leurs. On attend encore notamment Uber et Pfizer mardi.

La stricte politique de tolérance zéro vis-à-vis de la COVID-19 en Chine a continué de doucher l’allant des investisseurs. Un parc de Disneyland à Shanghai a fermé ses portes brusquement, confinant les visiteurs à l’intérieur tant qu’ils n’auront pas été testés négatifs à la COVID-19.

Les actions technologiques ont le plus souffert, notamment Meta (Facebook, 6,09 %) toujours impacté par la réduction de ses bénéfices et la stagnation du nombre de ses utilisateurs. Les titres des fabricants de semi-conducteurs ont été aussi à la peine, comme Intel (-2,20 %) et AMD (-3,14 %).

Le fabricant d’iPhone Apple a cédé 1,54 % alors que des informations de presse ont évoqué une possible réduction de 30 % de la production de téléphones de la marque dans une des plus grandes usines chinoises du groupe à cause des strictes mesures anti-COVID-19.  

Des dizaines d’employés de cette usine située dans la ville de Zhengzhou (centre), qui emploie 200 000 personnes, se sont enfuis pour échapper au confinement après la détection de quelques cas de la maladie.

Le titre de Twitter a définitivement disparu de la cote après la prise de contrôle du réseau social par Elon Musk. Le New York Stock Exchange avait indiqué vendredi qu’il prévoyait une radiation de la cote après le rachat de toutes les actions au prix de 54,20 dollars par titre, soit un peu mieux que le dernier cours (53,70 dollars).

Le patron de Tesla a dissous lundi le conseil d’administration de Twitter et est bien devenu l’unique dirigeant du réseau social.

À Toronto

Les marchés canadien et américain ont clôturé en baisse, lundi, la Bourse de Toronto étant quelque peu soutenue par les actions du secteur de l’énergie alors même que le prix du pétrole a chuté.

L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a perdu 45,05 points à 19 426,14 points.

Après un mois volatil, les marchés étaient plus stables le dernier jour d’octobre, a indiqué Lesley Marks, chef des placements, actions, chez Placements Mackenzie.

« Les gens veulent s’assurer que nous conservons les grands gains que nous avons réalisés ce mois-ci », a-t-elle déclaré.

Les investisseurs sont prudents avant une hausse de taux attendue de trois quarts de point de pourcentage par la Réserve fédérale cette semaine, a ajouté Mme Marks, tandis que la Banque d’Angleterre devrait également relever ses taux cette semaine.

L’indice de l’énergie a augmenté de 1,62 %, tandis que les métaux pour batteries ont baissé de 1,59 %, les technologies de l’information de 1,23 % et les métaux de base de près de 1 %.

D’autres indices n’ont baissé ou augmenté que légèrement, tandis que les soins de santé ont augmenté de plus de 4 %, tirés par une autre journée solide pour Canopy Growth.

Sur le marché des devises, le dollar canadien s’est négocié à 73,27 cents US, en baisse par rapport à son cours moyen de 73,45 cents US vendredi.

Le prix du pétrole, lui, est en baisse en raison des gains de production de pétrole aux États-Unis, d’après Mme Marks. « De toute évidence, une offre plus importante est négative pour les prix du pétrole. »

Cependant, le prix du gaz naturel est en hausse, a noté Mme Marks, ce qui a probablement entraîné la hausse du secteur de l’énergie lundi.

Les données sur la population active canadienne et américaine aideront à déterminer si l’économie ralentit au rythme prévu par les banques centrales, selon Mme Marks.

« Les mauvaises nouvelles seront de bonnes nouvelles », a-t-elle avancé.

« Nous avons toujours ce qui semble être une pénurie de travailleurs au Canada et aux États-Unis… donc ce que nous devons voir, c’est qu’un peu plus de sous-emploi se crée dans nos économies afin de réduire une partie de cette pression salariale et compenser la pression à la hausse qui contribue à l’inflation plus rigide. »

Le Canada entre à peine dans la saison des résultats, mais Mme Marks a souligné qu’elle chercherait des indications sur les perspectives des entreprises pour 2023 plus que leurs données du troisième trimestre.

Avec des hausses de taux en progression rapide cette année, les données rétrospectives comme les bénéfices ne disent pas tout, a-t-elle déclaré.

« Nous devons vraiment nous concentrer davantage sur les indicateurs avancés », a-t-elle précisé, tels que les données sur le travail, qui indiquent l’équilibre entre l’offre et la demande de main-d’œuvre et les pressions salariales à la hausse.

La Presse Canadienne