(New York) Les cours du pétrole ont terminé en hausse mardi, grâce à des indicateurs montrant que la demande de produits raffinés reste élevée, sur fond de tensions entre États-Unis et Arabie saoudite.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a gagné 0,27 %, pour clôturer à 93,52 dollars.

Le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, également avec échéance en décembre, a pris 0,87 %, à 85,32 dollars.

« Les prix du brut ont monté, stimulés par des rappels réguliers que le marché du pétrole est toujours tendu », a commenté, dans une note, Edward Moya, d’Oanda.

Lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats, le PDG du groupe américain Valero, Joe Gorder, a indiqué que la demande d’essence et de gazole était supérieure au niveau de 2019, avant la pandémie de COVID-19, tandis que le kérosène s’en approchait.

« C’est le marché des produits raffinés qui soutient les cours » du brut, du fait de la demande toujours vigoureuse, mais aussi de stocks inférieurs à leur niveau habituel à l’approche de l’hiver, a expliqué Stephen Schork, analyste et auteur du Schork Report.

Le contrat de référence sur l’essence aux États-Unis a bondi de 5,8 % mardi et atteint son plus haut niveau depuis deux mois. Ce coup de chaud a guidé les cours du WTI, de même que le dollar, qui s’est nettement replié mardi, selon M. Schork.

Pour l’analyste, cette accélération sur le marché devrait « se traduire par une hausse du prix de l’essence (au détail) dans les semaines à venir » aux États-Unis.

Un scénario qui pourrait peser sur les derniers jours de la campagne électorale des législatives aux États-Unis, l’inflation et le prix de l’essence étant des sujets majeurs pour les électeurs.

Riyad en porte-à-faux avec Washington

Pour tenter de calmer les prix, le président américain Joe Biden avait annoncé, la semaine dernière, l’utilisation de 15 millions de barils supplémentaires tirés des réserves stratégiques.

Le ministre saoudien de l’Énergie a dénoncé ce déblocage de réserves pétrolières d’urgence, qui vise selon lui à « manipuler les marchés », au moment où Riyad et son partenaire américain s’écharpent sur les prix de l’or noir.

« Les gens épuisent leurs stocks d’urgence, les ont épuisés, les ont utilisés comme un mécanisme destiné à manipuler les marchés alors que leur objectif de base était d’atténuer la pénurie d’approvisionnement », a déclaré le prince Abdelaziz ben Salmane, le ministre saoudien de l’Énergie, sans désigner les États-Unis.

« Cependant, il est de mon devoir de faire comprendre au monde que la perte du stock d’urgence pourrait devenir douloureuse dans les mois à venir », a-t-il souligné lors d’une conférence économique à Riyad.

À Washington, le porte-parole du département d’État, Ned Price, s’est refusé à répondre directement au prince saoudien, tout en relevant que puiser dans les réserves stratégiques n’avait d’autre objectif que de répondre à la demande.

« Nous ferons tout ce que nous pouvons pour nous assurer que l’offre est adéquate par rapport à la demande », a-t-il dit à la presse.

L’annonce de Joe Biden de puiser 15 millions de barils supplémentaires dans les réserves stratégiques s’inscrit dans le cadre d’un programme qui prévoit d’en libérer 180 millions au total pour faire face à la flambée des prix liée à l’invasion russe de l’Ukraine.

Cette annonce a aussi suivi de deux semaines la décision des pays exportateurs de pétrole, Arabie saoudite et Russie en tête, de baisser leurs quotas de production pour soutenir les prix, provoquant l’ire de Washington.

L’administration américaine a accusé son partenaire saoudien de faire le jeu de la Russie, qui cherche à financer sa guerre contre l’Ukraine. Riyad a démenti, assurant que sa position n’était fondée que sur des considérations économiques.